La croissance est repartie depuis 2003, les exportations profitent du boom chinois, la consommation des ménages reprend et les entreprises se remettent à investir, de plus le chômage a retrouvé son plus bas niveau. Bref tous les indicateurs semblent être au vert.
Le marché du travail est redevenu florissant au Japon, le taux de chômage plafonne à 4,2 %, de quoi faire rêver l’ANPE. Pourtant au début des années 1990, la bulle immobilière a plongé le pays dans une crise terrible. Certains experts ont pensé que l’archipel nippon ne s’en remettrait pas. Néanmoins l’indice Nikkei s’est rétabli (+ 100 % depuis 2003) et, profitant d’une conjoncture mondiale favorable, la croissance devrait atteindre 2,5 % en 2006.
Alors quelle est la recette des japonais ?
Ils n’ont pas hésité à s’auto critiquer et à lancer par dessus tête les anciennes pratiques économiques et sociales. Les gouvernements successifs ont mis en place 12 plans de relance entre 1992 et 2000. Celui de 1998 a coûté 5,4 % du PIB, c’est comme si la France investissait 81 milliards d’euros sur un an pour financer à la fois les travaux public, le logement et la baisse d’impôt des ménages ! Les autorités ont aussi injecté 20 % du PIB dans le système bancaire. De fait le Japon détient aujourd’hui le record mondial de l’endettement public : 161 % du PIB, contre 66 % pour la France. Pour redresser la barre le nouveau gouvernement de Monsieur Shinzo Abe a prévu de réduire les dépenses publiques de 13 % en cinq ans et il devrait augmenter le taux de TVA.
A cela cependant il faut ajouter une politique d’innovation très audacieuse. Le Japon a réussi à se spécialiser sur des produits à forte valeur ajoutée. Il néglige les produits bas et moyens de gamme et conserve la fabrication de modèles sophistiqués. Du côté du textile il est devenu leader des matières high-tech. Il exporte de nombreuses machines outils vers la Chine et s’impose dans tous les domaines pointus.
Par ailleurs les entreprises ont donné un grand coup de sabre dans le pacte social. Il a fallu fermer des filiales, freiner les marges des sous-traitants, délocaliser une partie de la production. Or les grands groupes garantissaient l’emploi à vie de leurs salariés. Le système a volé en éclats : licenciements, pré-retraites et démissions forcées : ce sont près de 20 % des emplois qui ont été supprimés dans l’industrie depuis 15 ans. Il faut dire qu’ici on est dans un pays où faire la grève consiste à travailler avec un brassard noir, les syndicats sont inexistants et les prud’hommes peu favorables aux salariés… Les travailleurs ont un sens inné du sacrifice. D’ailleurs les entreprises ont réussi à réduire les salaires de 9 % entre 1997 et 2004.
Néanmoins on retiendra que ce qui distingue le plus le Japon de notre pays, c’est la capacité du passage à l’acte. Quand nous labellisons une dizaine de sociétés à vocation internationale, le Japon en aligne le double et met en contact entreprises et universités pour faire naître des projets communs. Ainsi signalons un ingrédient fondamental : la réforme de l’enseignement supérieur qui permet aux chercheurs d’appliquer directement le résultat de leurs travaux et d’en être les premiers bénéficiaires, même dans le public… Une révolution difficile à imaginer.
Dominique Deslandes
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