Les enjeux sont clairs : se développer dans des pays désormais proches et dont le potentiel de croissance est supérieur à celui des quinze anciens de l’Union.
En fait si l’on observe bien, il y a plus d’avantages que d’inconvénients à cette nouvelle Europe.
Elle offre 75 millions de nouveaux consommateurs. Elle permet d’ouvrir des magasins dans des secteurs correspondant à des besoins secondaires qui ne sont pas encore couverts dans les pays entrés récemment dans l’Union : hygiène, beauté, ameublement, habillement. Dans ces 10 pays la consommation a augmenté de 76 % pendant que celle des Quinze se contentait de 15 % et le poids de l’alimentaire est encore très important, environ 23 % du budget des ménages.
Les produits alimentaires à forte valeur ajoutée sont donc porteurs d’avenir pour les industriels et distributeurs français, ils bénéficient de la suppression de droits de douane.
Pour les grands groupes industriels on parle de délocalisation, n’oublions pas que le fait de profiter du coût relativement encore bas de certaines main-d’œuvre permet aussi de maintenir des activités qui auraient pu disparaître et de les rendre concurrentielles par rapport à la grande concurrence internationale (Chîne, USA).
Quant aux PME françaises bien placées en termes de qualité et de traçabilité, elles peuvent accompagner les distributeurs français dans les dix nouveaux pays membres.
Face à ces avantages on trouve quelques risques à prendre en considération pour les entrepreneurs français.
D’abord une certaine fragilité structurelle qui peut freiner le rattrapage économique par rapport aux quinze anciens pays européens. Le revenu par tête est encore cinq fois plus faible chez les nouveaux arrivants. On craint aussi un retour sur investissement incertain. Les délais pour rentrer dans ses fonds ont doublé, passant de trois-quatre ans à sept-huit ans. Enfin une concurrence accrue, notamment de la part des PME locales, doit vite s’imposer avec une production de meilleure qualité à des prix très compétitifs, risquant même de venir jusque sur notre marché français.
Néanmoins les opportunités semblent encore l’emporter largement sur les risques car pour l’instant l’entraînement de la grande distribution, présente dans de nombreux pays de l’Est (voir notre article), permet aux entreprises françaises d’imposer des produits de qualité très attendus par les consommateurs.
Dominique Deslandes