Trois groupes pourraient bientôt contrôler 80 % du commerce alimentaire sur l’île.
Le groupe Bernard Hayot déjà détenteur d’une trentaine de sociétés dans tous les secteurs de l’économie locale s’attribuerait volontiers le futur Hyper U de Bel Air Grand Sud. L’idéal pour son directeur général, Michel Lapeyre, serait d’avoir 4 hypermarchés dont un dans le sud et un autre à l’ouest, venant compléter les magasins qu’il possède déjà au nord et à l’est. Cet achat serait un symbole au moment où les Carrefour affichent de bonnes performances et où Système U connaît des jours difficiles.
Pilier de la distribution sur l’île de la Réunion, en 1995, les Nouveaux Commerçants ont perdu 16 points de vente en une dizaine d’années. Dans ce monopoly du commerce alimentaire, cinq chaînes sont disparues en dix ans… Désormais la partie se joue donc entre poids lourds, dont Casino qui domine le marché. Il possède déjà 70 % du groupe Vindémia, puissance clé dans tout l’océan indien puisqu’il détient 8 hypers Jumbo Score et 12 supermarchés Score. Les îliens sont très attachés à cette enseigne. Avec Leader Price, qui lui appartient également, la part de marché de Casino frôle les 50 %.
Ici une loi » Thien Ah Koon « , du nom de la famille qui gère en franchise des magasins à l’enseigne Casino, interdit de déposer en CDEC des demandes d’autorisation pour des hypers ou des supermarchés à toute enseigne ou tout groupement ayant déjà un quart des mètres carrés en alimentaire et non alimentaire. En fait la loi est détournée en prenant la précaution d’acheter un magasin qui s’est agrandi préalablement.
Le deuxième grand acteur de la distribution, Carrefour, Champion et Dia s’oriente vers un développement par le hard discount. 5 nouveaux magasins Dia sont prévus dans les deux ans. Les trois enseignes en arriveraient à un quasi oligopole de plus de 80 % des mètres carrés et 90 % du chiffre d’affaires de la grande distribution.
Les perdants sont alors les consommateurs et les producteurs locaux. En effet les prix flambent : les produits de grande consommation seraient 58% plus chers sur l’île de la Réunion qu’en Métropole.d’après une récente enquête d’UFC Que Choisir. Néanmoins il reste à vérifier la consommation réelle des réunionnais qui sont plus enclins à acheter du riz, par exemple, moins cher qu’en Métropole. Un observatoire mieux adapté aurait dû être créé depuis plusieurs années mais attend encore son décret d’application… Il aurait l’avantage de donner plus de transparence sur le mécanisme de la formation des prix sur l’île. Quant aux petits producteurs locaux ils ont pris l’initiative de créer un label » Nature des îles « qui concerne 200 références.
Vu dans LSA n°1954 du 25 mai 2006