Les prix ont-ils augmenté plus ou moins que l’indique la ministre de l’économie ? Les relevés en grandes surfaces peuvent donner un éclairage.
La ministre annonce une hausse de 5 % de février 2007 à février 2008. Cet augmentation correspond à ce que les panélistes appellent l’inflation de la demande qui est de 5,04 % chez Nielsen et à 4,66 % chez Iri. Dans tous les cas, les évolutions de prix ne comprennent pas ceux des hard-discounters, les enseignes allemandes Aldi et Lidl refusant de donner leurs sorties de caisse. L’inflation de l’offre reflète ce que le consommateur voit, celle de la demande ce qui se passe au niveau de son portefeuille. L’inflation de l’offre est plus grossière mais plus solide. Donc l’inflation de l’offre mesure l’évolution des prix affichés de 200 000 produits de grande consommation et des produits frais. Elle est moins forte que l’évolution de la demande, du fait qu’elle touche un plus grand nombre de produits dont les prix augmentent peu et se vendent peu au regard de l’envolée des prix des produits basiques très vendus (pâtes, yaourt par exemple) sur le total des achats.
L’inflation de la demande mesure l’évolution des prix sur la base des dépenses des consommateurs, elle est pondérée en fonction du poids des achats. Sur cette base de produits effectivement achetés en sortie de caisse, à quels prix sont vendus à ce jour les mêmes produits achetés un an auparavant ? L’inflation de la demande galope plus vite aujourd’hui que l’inflation de l’offre, parce que ce sont les produits les plus basiques qui sont le plus touchés. Si un produit augmente de 10 % mais n’est vendu qu’une fois, qu’un autre augmente de 1 % mais est vendu dix fois, l’ensemble fait l’objet d’une pondération. Les analyses peuvent encore s’affiner avec l’évolution du prix de l’offre qui cherche, cette fois, à intégrer les lancements de produits qui sont souvent à plus forte valeur faciale. Le lancement d’un nouveau yaourt à prix plus élevé peut donner l’impression d’une augmentation et créer une sorte de frustration du consommateur. Il y a une relative cohérence entre l’inflation d’offre, hausse arithmétique de la somme des produits vendus, et l’inflation pondérée des volumes.
On peut aussi suivre les 1 500 produits psycho dont 300 marques de distributeur : l’inflation est de 2,43 %. Ce qui est sûr au final c’est que l’inflation a pris 3 points en 3 mois quelque soit l’indice… Les français procèdent donc à des arbitrages, ainsi l’inflation du riz ressort à 6 % au lieu de 8 %…
Vu dans LSA N° 2036 – 20 mars 2008