Garde d’enfants, tâches ménagères, aide aux personnes âgées, assistance informatique… Le spectre couvert par les services à la personne est vaste et ses frontières sont floues. Chiffrer le marché est donc un exercice difficile.
Depuis le plan Borloo, le nombre d’entreprises proposant des services à la personne a quadruplé. On évoque un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros en 2005 ou 800 millions d’heures de travail fournies… le marché devrait enregistrer un taux de croissance de 10 % par an jusqu’en 2010. Ce dynamisme est soutenu par un environnement très favorable aux affaires : la demande se renforce sous l’effet d’une évolution des modes de vie (vieillissement de la population, généralisation du travail des femmes…) et devient solvable grâce aux aides publiques (crédit d’impôts, Cesu, TVA à 5,5 %).
Longtemps monopolisé par le milieu associatif, le secteur des services à la personne s’est ouvert aux entreprises privées et c’est surtout les réseaux de franchise qui en profitent tels Adhap Services ou Coviva. Les entrepreneurs, séduits par les taux de croissance annoncés et l’appui financier de l’Etat se lancent par centaines dans l’aventure. De 573 en 2004, le nombre d’entreprises est passé à 2.200 en juin 2006. Malgré cette croissance exponentielle, le poids des entreprises est à relativiser. Le marché des services à la personne est dominé par le travail en direct entre particulier-employeur et salarié, il représente 70 % des heures travaillées, contre 29 % pour les associations et les centres communaux d’actions sociales (CCAS) et seulement 1 % pour les entreprises.
Les acteurs présents sur le segment sont de petite taille : 10 salariés par entreprise en moyenne en 2005 contre 24 en 1998. A côté de ces micro entreprises prospèrent également de gros acteurs, présents depuis quelques années sur le marché et implantés sur l’ensemble du territoire. C’est par exemple le cas très médiatique d’Acadomia, avec ses 75 agences en France et ses 22 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Une nouvelle tendance se dessine également : le modèle de prestataire séduit désormais plus les acteurs du marché que celui de mandataire. En 2004, 63 % des heures travaillées étaient réalisées par des salariés d’organismes de services à la personne, mis à disposition. Dix ans plus tôt, c’était l’inverse. Les activités traditionnelles du secteur, le ménage et le soutien scolaire, suscitent encore un engouement particulier des nouveaux entrants. Mais l’offre commence à saturer. D’autres activités, dont la demande progresse, sont encore peu explorées par les entrepreneurs : les services informatiques, la surveillance du domicile ou de la résidence secondaire et la garde à domicile. Il y aurait donc de la place pour une offre différenciée en provenance des entreprises.
Avec le plan Borloo, le ministère espère parvenir à structurer un secteur très hétérogène et atomistique. Il soutient notamment la création de grandes enseignes, servant d’intermédiaires entre la demande des particuliers et une offre dispersée. Treize alliances ont ainsi été labellisées par l’Etat et deux sont encore en négociation. Le secteur associatif a réagi et se regroupe également, souvent sous l’impulsion des conseils généraux. Développement en franchise et diversification de l’offre ont permis à des enseignes comme l’enseigne de ménage Shiva d’atteindre une taille critique et d’être cotées sur le marché libre.
Quelle que soit sa forme, cette structuration est une étape incontournable de l’évolution du secteur qui devra pouvoir voler de ses propres ailes lorsqu’il cessera d’être sous perfusion de l’Etat, à un horizon pour l’instant inconnu.
Dominique Deslandes