Stéphane Echardour, consultant ERA et expert dans le domaine du transport et de l’énergie nous explique que la hausse du prix du gazole n’est pas le seul indicateur à infléchir les charges des transporteurs et les tarifs pratiqués et qu’il existe des opportunités pour réduire votre facture.
ERA Business News : Face à l’envolée frénétique du prix du brut, comment se porte le marché du transport ?
Stéphane Echardour : « Qu’il s’agisse du transport routier, maritime, ferroviaire, aérien ou de combinés, le prix du gazole ne représente qu’une partie des coûts du transport final supportés par les entreprises. Pour le transport routier par exemple, 32% des coûts sont imputés à la masse salariale, 30% au carburant, 14% aux pneumatiques, aux péages et à l’entretien, 12% au financement des véhicules et enfin 12% aux charges de structure. Ces dix dernières années, le coût du transport a augmenté d’une manière générale. Après la mise en place des 35 heures, la hausse du prix du carburant a alourdi à son tour les charges supportées par les entreprises« .
ERA Business News : Quelles mutations observez-vous sur le marché du transport et quelles sont les conséquences sur les prix et les services ?
Stéphane Echardour : « Bien qu’obligatoire, l’ajustement automatique du coût d’achat du gazole par les transporteurs n’a pas été systématique. On a constaté la disparition de centaines de TPE qui ont réduit leur marge pour compenser la hausse du prix du brut et ainsi ne pas risquer de perdre leur clientèle. Les plus grands acteurs du secteur, eux, s’adonnent à la « bourse du transport » (sous-traitance) nourrie par les TPE, dont ils ne pourront finalement jamais se passer. Cependant, les transporteurs ont commencé à répercuter l’augmentation du prix du gazole ainsi que la hausse générale des charges sur leurs tarifs. La majoration du coût du travail, renforcée par une pénurie de chauffeurs, les engagements et mesures dissuasives de l’Europe pris en matière d’environnement et le principe du « pollueur-payeur » contribuent à tirer les tarifs des transporteurs vers le haut. Le prix du transport a déjà augmenté de 7 à 10 % entre 2007 et 2008. Pour diminuer l’impact de la hausse des charges, certains acteurs du secteur se regroupent, tandis que d’autres choisissent par exemple de ne pas renouveler leur parc, ce qui pourrait nuire sur le long terme à l’entreprise et à sa qualité de service« .
ERA Business News : Dans ce contexte, comment assurez-vous à vos clients une rentabilité supérieure et que leur conseillez-vous ?
Stéphane Echardour : « Seule une cartographie des besoins entrants et sortants, de leur saisonnalité, des modes de transport, de conditionnement et de stockage utilisés, des Incoterm ou encore du type de colis (marchandises, vrac ou containeurs) va nous permettre d’apprécier la pertinence des usages et des charges du client. Nous avons l’avantage de connaître parfaitement les forces et faiblesses de tous les acteurs du marché, quel que soit le mode de transport envisagé. Il n’y a pas de règles universelles car les besoins et contraintes sont propres à chaque entreprise. Cependant, suivre des principes de base comme respecter une distance faible entre les plateformes logistiques et les sites clients et fournisseurs, ou encore favoriser les voyages « à plein » représentent des sources d’économies majeures. Lors de notre analyse, nous considérons entre autres 2 critères que sont le poids pivot et la distance pivot pour déterminer le mode et le type de transport le plus performant et le plus rentable pour nos clients. Il existe de nombreuses autres pistes d’optimisation comme réduire, par exemple, les coûts d’emballage et de stockage en modifiant les matériaux de conditionnement utilisés et en agissant sur les poids, les volumes et la surface.
Sur ce type d’intervention, nous réalisons en moyenne 25 % d’économies malgré la tendance inflationniste générale, sans que le fournisseur n’ait besoin de baisser sa marge déjà faible. Nous veillons à ce que ces résultats garantissent une qualité de service au moins égale voire supérieure mais aussi pérenne« .