Réactualisation de notre article du 21 mai 2007. Pensez au salon de la franchise en mai 2009. –
La franchise est en plein essor au Maroc (avec une progression de 24% en moyenne de 2001 à 2006)
mais en même temps les premières difficultés sont apparues, signe que l’évolution vers plus de maturité doit, peut et va commencer.
Le Maroc compte déjà entre 365 et 400 enseignes franchisées, soit près de 2000 points de vente en 2007, les réseaux étant plus concentrés dans les quartiers aisés des plus grandes villes pour l’instant ce qui explique que la plupart des réseaux ont entre 3 et 5 franchisés.
Le pays souhaite encourager la franchise comme culture d’entreprise et de partenariat, afin de satisfaire des consommateurs en quête de marques étrangères mais aussi pour moderniser le commerce et lutter contre l’informel. Désormais, l’état veut favoriser le développement de réseaux nationaux au Maroc et à l’export. Excellent objectif.
Comment expliquer le développement de la franchise au Maroc ?
1) Notons la présence d’une classe moyenne et aussi de familles très riches. Autant d’investisseurs, d’exploitants et de consommateurs potentiels même s’il faut admettre que le pays est encore coupé en deux ce qui explique le combat du roi et du gouvernement pour développer l’emploi et aider les classes les moins aisées (le programme INDH : Initiative Nationale pour le Développement Humain qui a démarré depuis plus d’année avec déjà des résultats significatifs).
2) Connaissance et utilisation de la proximité avec la France et notamment la culture française, les marques françaises, la langue, les écoles et universités françaises et présence des entreprises françaises (plus de 500 entreprises françaises implantées au Maroc et toutes les entreprises du CAC40 sont représentées) dans le pays ce qui a permis l’implantation aisée de concepts francophones sans traduction et avec un capital notoriété dès le départ. Réel climat de coopération politique, culturelle et économique, la France étant le premier client et le premier fournisseur du Maroc.
3) Volonté d’ouverture sur le monde et pas seulement sur la France. Baisse des tarifs douaniers (démantèlement tarifaire déjà initié pour l’échéance 2012), orientation volontaire vers le libre échange avec la CEE, les USA, la Turquie et bien d’autres pays (Tunisie, Jordanie, Egypte et Emirats Arabes Unis). Ouverture touristique aussi avec un objectif de 10 millions de touristes avant 2010.
4) Il est à noter que les indicateurs économiques se sont très nettement améliorés de 2001 à 2006 :
– le taux d’investissement est de 30%. Il était de 23,4 en 1998.
– le taux d’épargne est passé de 25% à 33% en 2006.
– le déficit public a été ramené à 1,7% contre 4% auparavant.
– la dette extérieure a été ramenée à 11% contre 33% auparavant.
– le taux de chômage est de 10% contre 14% auparavant.
– les recettes du tourisme sont passées de 16 Milliards de Dhs en 1998 à 53 Milliards en 2006
– les transferts des Résidents Marocains à l’Etranger sont passés de 19 Milliards de Dhs en 1998 à 49 Milliards de Dhs en 2006. Ce qui traduit la confiance des marocains qui sont à l’Etranegr dans les institutions du pays.
– Des grands projets d’infrastructure sont en cours de réalisation (Tanger-MED, Autoroutes, sites industriels et logements économiques)
la notation du Maroc par Standard & Poor’s est passée à BB+ en 2006. Ce qui est un excellent signe de l’attractivité du Maroc pour les investisseurs.
5) Volonté de moderniser le commerce marocain et de placer le professionnalisme, le respect du client et l’efficacité au centre des préoccupations.
6) Pas de loi contraire à la franchise (pas de loi spécifique d’ailleurs) et possibilité de facturer et exporter droits d’entrée, redevances et royalties….
7) Climat politique satisfaisant avec une volonté de régler les vieux problèmes en suspens.
8) ….et de nombreux concepts marocains apparaissent dont certains sont particulièrement adaptés au contexte local ou africain comme Marwa, Venezia ice, Hanouty, Kiotori, Mobilia, Yatout, etc… et parfois potentiellement très exportables même en Europe comme Marwa, Kiotori….
Comment expliquer les problèmes actuels de la Franchise au Maroc ?
1) Trop d’investisseurs réagissent en spéculateurs et non en entrepreneurs en raison du coût élevé du foncier. Les franchisés et masters franchisés spéculateurs préfèrent parfois miser sur la poursuite de cette tendance qui fait peur aux banques, aux franchiseurs et à l’état.
2) Cette tendance est entretenue par la pénurie de centres commerciaux adaptés aux boutiques et par la difficulté pour rénover les centres villes. Nul doute que ce soit un chantier prioritaire pour le gouvernement.
3) La législation sur les baux commerciaux est critiquée. Elle favoriserait les loyers élevés. Nous y reviendrons en détail car nous avons noté des avis divergents.
4) Les futurs franchisés marocains (idem pour les futurs masters) sont séduits par les avantages de la franchise (marque, concept, savoir-faire, succès, assistance…. et image socialement valorisante grâce à l’identification à la marque) mais ne lisent pas assez les contrats, ne cherchent pas assez à prendre conscience des contraintes, n’accordent pas assez de soin à sélectionner le bon franchiseur, etc… Ils ont tendance à acheter une marque, à faire un placement bancaire, à accorder trop de confiance au système de la franchise en oubliant qu’il faudra aussi apporter sa sueur, son travail et son engagement personnel à tous les niveaux…. Il faut expliquer que la franchise n’est ni un eldorado, ni une assurance tous risques pour le succès….
5) L’information sur la franchise, ses avantages, ses contraintes, ses règles de fonctionnement, etc… n’est pas assez diffusée ni assez structurée malgré les voeux de la très sérieuse fédération marocaine de la franchise qui manque cependant encore des moyens de sa politique.
6) Les droits d’entrée calqués sur le niveau international sont parfois disproportionnés.