Le nombre de magasins a doublé en 10 ans, une success story à la française, grâce à une philosophie à mi-chemin entre le libéralisme à l’américaine et la rigueur japonaise.
Un peu d’histoire…
Le Patron de Paul s’appelle Francis, Francis Holder a su trouver la parade au monde moderne qui nous envahit, il fait appel à l’imaginaire des français et se fonde sur une image traditionnelle. Le magasin Paul permet au client de voir, ou d’imaginer, le four et le boulanger au travail. Une boutique à l’ancienne, avec un décor très soigné. Le concept est né en 1972, vingt ans après la formule fait recette et le pain de tradition est vraiment très » tendance « . Il y a une centaine de magasins en France à ce jour, et 260 au total, seule l’aventure américaine, son rêve, a capoté.
C’est un vrai patron issu de la génération de l’après-guerre, celle du travail et de l’imagination. Homme du Nord, il a subi le mépris de certains fils d’industriels quand il n’était encore que le fils du boulanger. Enchainant durant de longues années des journées de dix-huit heures, son père et son grand-père ont été ses référents. Paul garde en devanture de ses boutiques la mention « fondée en 1889 ». Il a su saisir des opportunités, comme la rencontre de Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, ou de Paul Dubrulle, qui ouvrira le premier hôtel du groupe Accor.
Mais le début de l’aventure se situe à Lille à proximité des Nouvelles Galeries et de Monoprix. Il se lance dans la boulangerie industrielle et l’affaire fait boule de neige dès le milieu des années 60. Le concept Paul voit réellement le jour en 1972. Francis Holder a longtemps été le seul à diriger ses 4 400 salariés, qui ne peuvent fumer et doivent porter une blouse blanche.
L’histoire pourrait s’arrêter là mais avec David, c’est une nouvelle génération qui fait son entrée dans le groupe Holder, il sort de l’université mais commence en 1989 comme apprenti boulanger, il apprend tout sur ce métier familial. Francis est contraint de s’orienter vers le marketing, le look des magasins est revu et la désormais célèbre devanture noire fait son apparition. Le second fils, Maxime, poursuit l’évolution de l’entreprise. Désormais David est à l’international et Maxime à la direction opérationnelle du groupe. Pour l’international, une trentaine de Paul sont déjà ouverts à l’étranger, tous en franchise, et le concept du salon de thé Ladurée, initié à Paris, sera repris à Tokyo, New-York ou ailleurs. David avait compris que l’établissement de la rue Royale représentait l’art de la pâtisserie à la française, il y recrée une imagerie qui fait rêver, avec ses quatre boutiques parisiennes Ladurée fait 10 % du chiffre d’affaires du Groupe Holder.
Quant à Francis il continue à gérer la politique produit. Son exploit actuel : produire 16 000 croissants à l’heure. Mais surtout aujourd’hui il prend une nouvelle orientation, il mise sur l’agriculture raisonnée et développe les blés de terroir. L’écologie est donc au rendez-vous avec la tradition.
Dominique Deslandes