Classiquement, l’on distingue 6 grandes étapes clés pour reprendre une entreprise en franchise :
Étape 1 : La validation de votre motivation
Pour se lancer dans l’aventure de la création ou de la reprise d’une entreprise, qu’elle soit en franchise ou pas, il vous faut en premier lieu vous assurer que vous avez l’étoffe d’un entrepreneur. Pour cela, il est fortement recommandé d’en passer par un bilan de compétences. A quoi sert ce bilan ? A définir les forces et les faiblesses de votre profil d’entrepreneur et à valider votre motivation. L’idée est ici de cerner les points forts sur lesquels vous pourrez vous appuyer et les complémentarités que vous devrez trouver pour la réussite de votre projet (formation complémentaire par exemple). Le temps de bilan de compétences est souvent mis à profit pour formaliser le projet final.
Dans la très grande majorité des cas, le bilan de compétences cherche à ce que vous apportiez des réponses objectives à de nombreuses questions parmi lesquelles :
- Suis-je prêt à devenir patron et pourquoi ?
- Ma famille est-elle prête à me suivre dans mon projet ? Est-elle prête à faire des concessions sur la vie de tous les jours (déménagement, horaires surchargés, stress, etc) ?
- Sommes-nous prêts à engager notre patrimoine familial ?
- Jusqu’où financièrement je suis prêt à m’engager ?
- Quel secteur d’activité choisir ? Un secteur connu pour lequel j’ai déjà des compétences ou un secteur inconnu qui m’attire plus particulièrement pour des questions d’intérêt personnel ou financiers (rentabilité, secteur porteur) ?
- Quelles formations complémentaires pourraient m’aider à aller plus loin ?
En pratique, le bilan de compétences dure maximum 24 heures, espacées sur plusieurs semaines. Il est éligible au compte personnel de formation.
A la sortie du bilan de compétences, vous devrez normalement y voir plus clair sur votre projet : secteur d’activité, budget, situation géographique, etc. Toutes ces réponses vous permettront de mieux passer à l’étape suivante : la recherche de votre future entreprise !
Étape 2 : La recherche d’une entreprise à reprendre
Dès lors que vous avez fixé vos priorités, vous pourrez plus facilement affiner les critères de recherche de votre future entreprise. Les pistes à suivre pour mener à bien vos recherches sont multiples. En premier lieu, le plus simple est de prendre contact avec les franchiseurs qui vous intéressent. Ils sont souvent les premiers avertis de la volonté de leurs franchisés de raccrocher les gants. Bien évidemment, ceci vaut quand vous n’êtes pas contre un déménagement car en effet, les meilleures opportunités ne seront pas forcément dans votre ville ou votre région.
Si vous n’êtes pas encore totalement fixé sur votre futur secteur d’activité vous avez tout intérêt à ratisser large en épluchant les petites annonces de la presse spécialisée ou des sites dédiés à la franchise. L’autre piste est de vous rapprocher de la CCI ou de la chambre des métiers pour avoir accès à leurs bases de données d’annonces de reprise.
Dans tous les cas, pendant toute cette étape de recherche active d’une activité à reprendre, ouvrez grand les oreilles et autant que possible, multiplier les rencontres ! En effet, la vie est souvent faite d’opportunités que l’on peut saisir au vol. Par ailleurs, votre projet peut évoluer avec le temps et les remarques et conseils des uns et des autres. La recherche active d’entreprise est un moment où vous pourrez confronter vos idées avec la réalité et les expériences des autres… Ne négligez aucune piste, même celles peu alléchantes de prime abord. Et surtout pas de précipitation ! Une recherche bien menée est toujours longue. Veillez aussi à toujours courir plusieurs lièvres à la fois pour avoir le choix en fin de course.
Étape 3 : Le pré-diagnostic de l’entreprise
Vous avez plusieurs annonces de cession qui pourraient vous intéresser ? Pour éviter de perdre votre temps avec ces multiples pistes, il est primordial de procéder avec méthode. Le tri entre les diverses propositions en passe par un pré-diagnostic rapide de chaque entreprise sur la base :
- des trois derniers bilans comptables ;
- de l’état des stocks ;
- des comptes de résultats ;
- de l’analyse des dettes et retards de paiement ;
- du prévisionnel à 1 an ;
- de l’état du personnel (ancienneté, âge, rémunérations, etc) ;
- de l’état des locaux (travaux de remise aux normes?) ;
- de l’état du bail en cours ;
- de l’état des équipements ;
- etc.
Tous ces éléments doivent être complétés dans le cadre d’une entreprise en franchise par l’analyse en profondeur des termes du contrat de franchise.
Chaque entreprise diagnostiquée sera bien sûr très différente des autres. Chacune aura ses spécificités propres liées au charisme du cédant, ses choix, mais aussi le marché local, les compétences des salariés en interne, etc.
A l’issue du pré-diagnostic, vous devez être capable de savoir si oui ou non l’entreprise vaut la peine d’aller plus loin en terme de rentabilité immédiate et de potentiel d’évolution. Et même si sur le papier, l’entreprise diagnostiquée manque de résultats, il est important de savoir pourquoi. Si le problème vient d’une gestion défaillante, la barre pourra être redressée. Vous pourrez ainsi acheter une affaire à moindre coût et ainsi garder des moyens pour la relancer. Si les moindres résultats viennent du concept, mieux vaut en prendre note et aller voir ailleurs !
Le diagnostic succinct ne suffit bien évidemment pas pour signer le rachat ! Une rencontre formelle avec le franchiseur s’impose pour savoir si vous correspondez au profil du franchisé accepté par le réseau.
Étape 4 : L’audit de l’entreprise pour définir son prix de rachat
Après plusieurs mois de recherche et quelques pistes au potentiel révélé par le pré-diagnostic, l’heure est venue d’enclencher un audit approfondi de l’entreprise qui vous semble la plus prometteuse. Cet audit va bien évidemment vous faire aller au fond des choses. Il doit impérativement être réalisé avec l’appui d’un expert comptable et d’un avocat spécialiste de la franchise.
L’audit a pour objectif de bâtir un prévisionnel fiable pour jauger de la faisabilité opérationnelle de la reprise. L’audit sert aussi de base pour fixer un prix juste de rachat. Toutes les pièces comptables sont évidemment épluchées, mais aussi le contrat de franchise et le contrat de bail.
Si le plus souvent le bail est renouvelé dans les mêmes conditions que précédemment, le contrat de franchise quant à lui peut faire apparaître des évolutions qui peuvent impacter directement la rentabilité et le prévisionnel. Sachant cela, le nouveau contrat que vous serez amené à signer doit être étudié à la loupe. Pour cela, vous pourrez vous appuyer sur le document d’information pré-contractuelle encadré par la Loi Doubin.
Dès lors que vous avez toutes les informations en votre possession, ainsi que les rapports d’analyse de l’expert comptable, vient le moment de l’évaluation du prix de cession.
Plusieurs méthodes sont utilisées par les experts pour procéder à cette évaluation parmi lesquelles :
- la méthode patrimoniale : « l’entreprise vaut ce qu’elle possède »
- la méthode dynamique : « l’entreprise vaut ce qu’elle rapporte »
- la méthode comparative : « l’entreprise vaut ce que des actifs comparables sont payés »
La négociation peut alors commencer entre le preneur et le cédant pour aboutir à un accord satisfaisant pour les deux parties.
Attention : le rachat d’une entreprise en franchise peut se faire de deux manières distinctes. Soit le cédant vend le fonds de commerce soit il vend les parts d’une société. La vente du fonds de commerce revient à la reprise des actifs corporels et incorporels et du stock. La vente de parts de société revient à la reprise de l’ensemble des actifs mais aussi les passifs (dettes fournisseurs, emprunts, leasings…). Cette deuxième situation est assez rare. Elle doit obligatoirement être accompagnée d’un protocole de vente pourvue d’une garantie d’actif et de passif afin de parer aux dettes et éventuels litiges qui pourraient intervenir après cession.
Étape 5 : La recherche des financements
Quand les négociations vont bon train, vous avez une idée précise du montant de vos besoins de financement pour mener à bien votre projet de reprise. Ces besoins sont le plus souvent couverts par votre apport personnel auquel s’ajoutent, le cas échéant, un emprunt bancaire, des subventions, des aides familiales ou amicales (love money), etc.
Généralement, l’apport personnel doit a minima représenter 30% du montant total des besoins. Ce pourcentage minimal doit pouvoir couvrir les frais d’établissement, les stocks, et les besoins en fonds de roulement. Si vous n’avez pas de côté 30% de la somme totale à débourser pour le rachat, les banques ne suivront pas ! Vous devez donc impérativement faire gonfler cet apport avec par exemple un prêt d’honneur, une prime de licenciement, l’Aide à la création ou la reprise d’entreprise (Arce) de Pôle Emploi, etc.
Étape 6 : La signature du contrat de franchise et rachat de l’entreprise
Vous avez rassemblé les financements nécessaires pour le rachat ? Il est désormais temps de formaliser la reprise. Cette étape passe par la signature en simultané du contrat de franchise et du rachat de l’entreprise. Dès lors que le rachat est entériné, vous pourrez passer dans le vif du sujet en suivant la formation initiale du franchiseur. Le plus souvent, le cédant vous accompagne pendant les 3 premiers mois pour mieux passer le relais. Cette période de passation de pouvoir est importante pour le repreneur qui va ainsi apprendre « les ficelles » de son nouveau métier. Attention toutefois : dès lors que le rachat est acté, c’est bien le repreneur qui est aux commandes ! Le cédant n’a plus à interférer sur les prises de décisions !