La franchise est une forme de collaboration entre deux entités indépendantes : Le franchiseur et le franchisé. Ce système de commerce en réseau permet à la tête de réseau de développer son entreprise à des coûts restreints, et au franchisé de se lancer à son compte tout en bénéficiant de l’assistance d’un réseau et de la notoriété d’une marque.
La formule de la franchise a commencé à se développer aux USA et en France presque au même moment mais elle a évolué d’une manière différente.
La réussite de cette formule revient sans doute aux nombreux avantages qu’elle offre aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent lancer leurs projets avec moins de risques et plus d’opportunités …
Retour sur l’histoire et l’évolution de la franchise.
Les origines de la franchise
Le mot franchise nous vient du moyen-âge mais bien sûr le mot n’avait pas le même sens qu’aujourd’hui.
Octroyer une franchise à une ville ou à une corporation, c’était l’exonérer d’une de ces nombreuses interdictions de commercer ou de fabriquer, que les seigneurs s’ingéniaient à créer pour se réserver des droits, des revenus, des taxes … C’était « affranchir » cette ville ou cette corporation.
Le CNRTL «Centre national de ressources textuelles et lexicales» donne la définition historique suivante : « Exemption, privilège, immunité qui limitait l’autorité souveraine au profit de certaines personnes ou collectivités. Au Moyen Âge, de nombreuses chartes de franchise furent octroyées par les seigneurs aux villes de leur domaine. »
Au XVIIIe siècle sont ensuite supprimés certains droits et péages intérieurs. On en retrouve trace aujourd’hui dans des expressions comme « la franchise douanière » ou « la franchise postale ».
Ce n’est que progressivement que le mot franchise est devenu porteur du sens qu’on lui connaît aujourd’hui dans le commerce. Ce sont les américains qui lui ont donné son sens commercial et juridique actuel.
Les années 30
La franchise est née simultanément des deux côtés de l’Atlantique. Il faut attendre les années trente du XXe siècle pour qu’apparaissent aux États-Unis et en France les bases d’un système d’association qui par la suite donnera naissance au concept de franchise.
Pour l’Amérique, la franchise est lancée par Général Motors
Les contraintes de distribution imposées par le législateur américain ont été un facteur de développement du concept de la franchise pour GM (Général Motors) qui s’est trouvé limité dans son expansion à cause de la loi antitrust de 1929 qui interdit aux grands constructeurs automobile d’être propriétaires de leurs points de vente. Le constructeur automobile américain décide alors de fonder un réseau de distributeurs indépendants qui lui permettrait d’écouler ses produits.
Notons cependant que ce concept était peut-être plus de la concession que de la franchise, le but étant d’écouler les produits du fabricant dans un magasin portant la marque du fabricant, ne vendant que ses produits et bénéficiant aussi d’une exclusivité territoriale. La notion de transfert de savoir-faire était encore peu connue même si le réseau bénéficiait d’une assistance de la part du fabricant.
Or ce qui fait la différence entre la concession et la franchise est principalement :
- le transfert de savoir-faire accompagnant la duplication d’un concept à succès
- l’assistance permanente pour une bonne utilisation du savoir-faire
- la prise en compte de l’intérêt du franchisé à un niveau supérieur aux autres types de partenariat.
Mais on retrouve la même ambiguïté dans les concessions automobiles modernes. On y utilise le mot concession alors que le transfert de savoir-faire, l’assistance permanente et la reproduction d’un concept sont à l’évidence bien présents.
Aujourd’hui les franchises Américaines sont concentrées sur des secteurs comme la restauration rapide, le commerce de détail (alimentaire, produits et services) et les services aux entreprises (BtoB). Plusieurs enseignes dans le secteur de la restauration rapide telles que McDonald’s, Subway, Burger King, KFC, dans le secteur de la location de voitures telle que Hertz, ou de l’immobilier telle que Remax, sont bien présentes sur le territoire américain.
Pingouin, la première franchise française
C’est Pingouin, une marque de la Lainière de Roubaix appartenant au groupe Prouvost, qui vers 1926-1929 a élaboré un nouveau type de collaboration avec ses clients en France puis en Europe.
Il s’agissait de mettre en place un nouveau canal de distribution plus stable, plus fidèle et bien plus performant tout comme Général Motors mettait au point un système présentant des points communs pour vendre ses voitures sur le marché US lourdement touché par la crise de 1929 aux USA.
Les filatures du groupe Prouvost, propriétaire de la marque Pingouin, venaient d’inventer la pelote pour remplacer les écheveaux de laine qui étaient la façon habituelle de les conditionner pour la vente au détail. Il fallut inventer les casiers et les magasins qui « allaient avec » pour remplacer les grands sacs dans lesquels les écheveaux étaient rangés.
La franchise est née. Mais Pingouin faisait de la franchise sans le savoir puisque le concept était appliqué avant même que le mot franchise ait une définition.
Succès de la franchise dès les années 70
La franchise est apparue outre atlantique dans les années 1930. En France, bien qu’il soit apparu en même temps qu’aux États-Unis, le modèle de la franchise ne s’est développé que dans les années soixante-dix, essentiellement dans le secteur de la mode.
La France connaîtra la « Franchise Boom » vers les années soixante-dix : Pronuptia, Rodier, Levitan atteignent une notoriété certaine. Avec la concurrence des grandes surfaces, la modernisation des commerces de détail devient impérative et les producteurs s’emparent du concept de la franchise pour constituer des réseaux « captifs » et écouler leur production. Des centrales d’achat utilisent aussi le concept. Puis peu à peu, la franchise, née dans la filière textile, se développe dans d’autres secteurs tels que la distribution, les services et la restauration.
De 34 franchiseurs en 70 on passe à 553 en 99 pour 30 630 franchisés, ils réalisent à cette date 6 % du chiffre d’affaires global du commerce de détail et des services. La France est ainsi en tête des pays européens. Près d’un franchisé sur cinq de la CEE est français à cette date.
Compte tenu de cet intérêt croissant, il devient alors indispensable d’assurer un encadrement juridique des bons usages et de bonne conduite des utilisateurs de la franchise en Europe. En 1972, un Code de déontologie de la franchise est élaboré. Il fallait également un texte communautaire qui l’exempte de l’application des textes de loi sur la concurrence. En 1988, le règlement communautaire est alors adopté suivi en décembre 1989 par la Loi Doubin.
La franchise moderne
La franchise moderne est différente de celle de Pingouin et Général Motors pour qui la franchise était avant tout le moyen d’écouler la production de leurs usines. Aujourd’hui, on dirait que ces marques faisaient de la concession puisque l’essentiel de l’accord passé avec les commerçants visait à définir les règles de commercialisation de produits « à marque » dans des magasins dont l’enseigne était cette même marque.
Aujourd’hui, la franchise n’est plus affaire de producteurs, elle est affaire de savoir-faire.
La franchise moderne ne vise pas, en principe, à écouler les produits fabriqués par le franchiseur, lequel est de moins en moins souvent un fabricant, mais à maximiser la performance et la pérennité d’un réseau. C’est pourquoi on définit désormais la franchise comme un mode de collaboration entre des entreprises financièrement et juridiquement indépendantes par lequel les franchisés, agissant sous l’enseigne du franchiseur, reproduisent fidèlement le concept créé, testé, éprouvé et réussi par le franchiseur qui leur apporte en sus de l’enseigne et de la définition d’une collection de produits ou de services ad hoc, un savoir-faire et une assistance permanente.
Désormais la franchise française compte plus de 2000 franchiseurs et plus de 78 000 franchisés. Certains réseaux sont des franchises mais utilisent le mot partenariat ou affiliation ou licence pour des raisons historiques, juridiques, voire psychologiques. Bref ce qui compte est le contenu du contrat et pas le nom de celui-ci.
Et cela n’inclut pas les groupements coopératifs membres de la FCA, fédération des commerces coopératifs et associés dont certains membres font aussi en tout ou partie de la franchise !!!