A la tête du groupement coopératif Système U depuis 2005, Serge Papin, dans une interview accordée début octobre à la Tribune, revenait sur sa vision du marché de la grande distribution. A l’heure de la sortie de son dernier essai Pour un nouveau pacte alimentaire (aux éditions Cherche midi), il appelle à consommer de manière raisonnée et à laisser la place au développement durable. Et à un journaliste qui se pose la question du caractère opportuniste ou manipulatoire de sa démarche, il s’explique.
Pour Serge Papin, cette question d’une consommation « différente » raisonne avec des convictions et des idéaux façonnés dans sa jeunesse, dans une volonté de trouver de nouveaux modèles. Selon lui, il est aujourd’hui plus qu’impératif de réfléchir à de nouvelles alternatives en matière de distribution alimentaire et de rendre compatibles les exigences commerciales et les questions d’éthique et de santé. Il l’explique : »2012 n’est plus le XXe siècle, lorsqu’on fermait les yeux sur les dégâts, dramatiques, que certains comportements provoquaient sur l’environnement ou la santé. » Son engagement est clair : il souhaite qu’on puisse sortir aujourd’hui d’une qualité à bas coût et d’une forte pression sur les producteurs.
Dans ce contexte, il estime que chacun, au sein du marché de la distribution alimentaire doit réaliser son autocritique et participer à une correction « en profondeur » du système. A force de contraintes logistique et de performances, les distributeurs ont notamment proposé des fruits et des légumes sans saveurs et surtout affranchis du délai de maturité, il est temps que les choses changent… A chacun d’encourager à acheter des produits de saison, et à privilégier le cuisiner « soi-même » aux « prêts-à-manger ». Et ce, sans pour autant passer d’une extrême à l’autre : il est juste temps de « redéfinir le sens, la vocation, et le contenu du « progrès ». Et dans cet esprit, il est favorable à une reprise du pouvoir par le législateur, que celui-ci « porte un regard différent sur ces PME qui accomplissent la totalité de leur activité dans l’Hexagone et se placent en grande dépendance vis-à-vis d’une grappe d’enseignes qui peuvent concentrer une part considérable de leur chiffre d’affaires ». Et le PDG de prendre l’exemple de Système U qui doit représenter « moins de 1 % du chiffre d’affaires de Nestlé Monde mais 15, 20 ou 30 % de l’activité des petites et moyennes entreprises locales ».
Concernant, la situation sociale du marché qui est le sien, Serge Papin considère qu’elle évolue d’une manière plutôt favorable avec un 13e mois aujourd’hui conventionnel, et comme au sein de Système U, un temps partiel subi qui est amené à se raréfier de manière considérable. Toute la problématique aujourd’hui ne doit plus se centrer sur l’amélioration des salaires mais sur celle des revenus. Et d’imaginer la mise en place d’un intéressement « seule mesure à même de partager les fruits de la croissance… quand elle est là ». Chez Système U, cette pratique de partage de la valeur génèrerait d’ailleurs un peu plus de 14 mois de salaire par an.
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