Les problèmes financiers auxquels fait face Habitat ne datent pas d’hier. Des difficultés qui ont abouti au verdict du tribunal de Bobigny le jeudi 28 décembre 2023. Ainsi, Habitat est placée en liquidation judiciaire avec cessation immédiate des activités.
L’enseigne a été fondée à Londres en 1964 par Terence Conran. Elle s’est étendue partout en Europe, avec notamment plusieurs boutiques en France. Cette évolution a été marquée par une série de défis.
Une situation prévisible depuis 2020
Le distributeur de Cafom a mis en vente l’enseigne d’ameublement Habitat en 2019. Depuis cette période, l’entreprise affichait déjà des résultats négatifs. C’est Thierry Le Guénic qui a repris Habitat en 2020. Il a reconnu devant l’AFP n’avoir pas réussi à surmonter ce défi, tout comme les propriétaires précédents.
Avant 2020, la société avait été la propriété de Hilco, le fonds d’investissement américain. Elle a aussi appartenu un temps à Kamprad, la famille suédoise qui est d’ailleurs le détenteur d’Ikea.
Après avoir repris Habitat en 2020, Thierry a investi près de 12 millions d’euros dans l’implantation de nouvelles boutiques, ainsi que dans la digitalisation.
Il admet que ses initiatives n’ont pas pu se concrétiser en raison d’un contexte économique très difficile. De plus, il était confronté à des oppositions internes évidentes.
L’enseigne a enregistré une diminution de son chiffre d’affaires. En 2019, l’entreprise était à 100 millions d’euros contre 80 millions d’euros en 2022.
Liquidation après quelques jours de mise en redressement
Le redressement judiciaire d’Habitat a déjà été enclenché 10 jours avant la décision fatidique. Les administrateurs judiciaires ont informé le CSE de leur intention de demander la liquidation de l’enseigne. Une annonce qui a été faite le 15 décembre dernier.
Cette décision vient du fait que l’entreprise s’est indéfectiblement altérée. C’est surtout à cause de l’incapacité à exploiter la marque et l’absence de trésorerie.
Le tribunal a décidé de convertir la démarche de redressement judiciaire en liquidation, le jeudi 28 décembre, ce qui a mis fin à l’exploitation de la société.
L’activité ne génère plus de chiffre d’affaires, selon le tribunal, et les boutiques sont actuellement fermées. Habitat doit en plus rembourser ses clients. Certains d’entre eux ont en effet payé un acompte sur des articles qui n’ont pas encore été livrés. La somme due atteint les 9 millions d’euros.
Cette procédure de liquidation judiciaire s’étend également à la société mère HDI ou Habitat Design International. Cette dernière a obtenu le droit d’utiliser la marque sous licence de Cafom, son ancien détenteur. Cette entreprise réalise un CA d’environ 51,8 millions d’euros et compte 68 salariés.
Réorienter professionnellement les employés
Actuellement, Habitat entame une nouvelle étape selon Thierry. Ce dernier précise qu’il s’engage pleinement à faciliter toute recherche de solutions pour réorienter les collaborateurs vers de nouvelles opportunités professionnelles.
La requête de mise en redressement visait à préserver l’équilibre budgétaire de l’établissement. Elle avait également pour but de garantir sa pérennité, selon les informations affirmées par le comité de direction, le 30 novembre. Une situation qui n’a jamais été rentable en France, ajoute Thierry.
Ce dernier a déclaré que la direction était en train de mettre en place une stratégie de redressement par continuation. La finalité principale était de garantir la remise des produits aux clients et de régler correctement les fournisseurs.
D’après l’AFP, Habitat compte 25 points de vente en France. Elle emploie 383 collaborateurs, en comptant les salariés de l’établissement mère HDI.