Alors que la France compte un boulanger pour 1 600 consommateurs de pain, on ne dénombre qu’un torréfacteur artisanal pour 4 600 buveurs de café de spécialité. Ce déséquilibre révèle l’ampleur du potentiel inexploité d’une profession qui a failli disparaître dans les années 1980. Avec moins de 800 artisans torréfacteurs sur l’ensemble du territoire national, la filière du café artisanal français se trouve à un tournant décisif. C’est dans ce contexte que les Cafés BOC, torréfaction historique créée en 1932 au Mans, lancent un réseau de franchise destiné à former une nouvelle génération d’artisans torréfacteurs. Henri Lemarié, qui a repris l’entreprise en 2020 après un parcours entrepreneurial de 30 ans, ambitionne de transformer cette rareté en opportunité pour des candidats à la franchise en quête de sens et d’impact. Son objectif : bâtir un réseau de plusieurs centaines de points de vente pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux d’une filière qu’il qualifie de « malade ».

Une profession à réinventer : le pari audacieux des Cafés BOC
Le constat dressé par Henri Lemarié est sans appel : la filière traditionnelle du café souffre de pratiques héritées de son passé colonial qui continuent de ravager les écosystèmes et les sociétés productrices. Face à cette réalité, le café de spécialité représente une alternative née il y a moins de 20 ans, basée sur une filière courte reliant directement agriculteurs, coopératives, importateurs, torréfacteurs et consommateurs. Cette approche permet une répartition plus équitable de la valeur tout en maintenant des prix accessibles.
Pour avoir un impact significatif sur cette transformation, les Cafés BOC ont identifié un besoin criant de développement territorial. Selon leurs calculs, il faudrait créer immédiatement 1 500 nouveaux torréfacteurs en France pour atteindre un ratio comparable à celui de la boulangerie. Si ce développement permettait de reprendre seulement 1 % de part de marché au café de commodité, 300 torréfacteurs supplémentaires seraient nécessaires.
Ce potentiel colossal représente une opportunité unique pour des entrepreneurs souhaitant s’investir dans un secteur en pleine reconstruction, avec peu de concurrence directe et une demande croissante pour des produits éthiques et de qualité. L’enseigne du Mans, qui a ouvert une deuxième boutique en 2023, démontre la viabilité du modèle avant son déploiement en franchise.
Du concept à la réalité : un modèle de franchise pensé pour les néo-entrepreneurs
Conscient que la profession d’artisan torréfacteur ne dispose d’aucune formation dédiée en France, Henri Lemarié a consacré deux ans à la structuration d’un réseau de franchise spécifiquement conçu pour des néophytes. Le modèle développé propose un cadre complet et adaptable au profil de chaque candidat, maximisant ainsi les chances de réussite des implantations. Cette approche accompagnante se révèle essentielle dans un secteur technique où l’expertise en caféologie doit se conjuguer avec les compétences entrepreneuriales.
Les premiers résultats confirment l’attractivité du concept : un franchisé a ouvert ses portes à Angers en septembre, et plusieurs candidats se sont manifestés avant même la diffusion officielle de l’annonce de lancement du réseau. L’enseigne vise la signature de 1 à 2 contrats supplémentaires avant la fin 2025, avec une accélération progressive dans les années suivantes.
Au-delà de la rentabilité individuelle, le projet porte une ambition collective : avec quelques dizaines de torréfacteurs installés, le réseau pourra s’engager auprès de fermes caféicoles sur des volumes significatifs, à des prix justes et dans la durée. Cette vision à long terme, soutenue par des partenaires comme BELCO pour l’approvisionnement en café vert et TOWT pour le transport maritime à la voile, positionne les Cafés BOC comme un acteur de la transformation durable de la filière café en France.







