Visionnez cette interview de Maître Alain Cohen (Cabinet Juripole) en vidéo : « Les manquements les plus fréquents chez les jeunes franchiseurs » Réalisée par AC Franchise en mars 2011 à Paris
Alain Cohen : « Même un vieux franchiseur reste un jeune franchiseur en quelque sorte parce que nous avons toujours quelque chose à apprendre quel que soit le métier, et en particulier dans le métier de la franchise qui est en constante évolution.
Mais je crois que le jeune franchiseur a justement tendance à ne pas s’inscrire dans la durée. Souvent, il imagine qu’il vend un concept et qu’une fois ce concept vendu tout va bien se passer et que le franchisé n’aura plus besoin de lui. Alors qu’il oublie qu’un contrat de franchise, c’est un contrat de coopération qui s’étale dans le temps.
Donc le jeune franchiseur ne doit pas oublier qu’il va devoir consacrer du temps à la franchise. Or il est souvent dans l’opérationnel au niveau de son unité pilote. En général, le jeune franchiseur a monté un, deux ou trois magasins. Il s’en occupe, il est dans l’opérationnel et tout à coup, il devient franchiseur ! Et là, il faut qu’il se rende compte qu’il aborde un nouveau métier qui n’a rien à voir avec son métier de base.
Il devra intégrer le métier de franchiseur à son métier d’origine. La capacité, la compétence d’un franchiseur est également de savoir transférer son savoir-faire – ce qui n’est pas facile – Il faut savoir qu’une fois ce savoir-faire est transmis, il faudra assister son franchisé et tout cela, le jeune franchiseur ne l’intègre pas tout de suite. Il a souvent tendance à adopter des modèles.
Je prends un exemple : Au niveau juridique, un contrat de franchise c’est un contrat de franchise! Je pourrais prendre le contrat de franchise de mes concurrents et l’adapter, il serait « légal » !
Ce n’est pas la question, chaque franchiseur, chaque concept a son contrat de franchise. Je vais prendre un exemple très précis qui est l’immobilier : Quoi de plus banal qu’une franchise immobilière ? Et bien pas du tout ! Il n’y a aucun réseau de franchise dans l’immobilier qui ressemble à un autre. Chaque contrat de franchise est différent !
Prenez les contrats de franchise des quatre ou cinq leaders sur le marché des agences immobilières, il n’y en a pas un qui ressemble à l’autre. Parce que le concept lui-même est différent, parce que la philosophie de la franchise est différente et cela – bien évidement – l’avocat du réseau a su le transcrire dans le contrat.
Il n’a pas fait ce que nous appelons un « copier-coller » en changeant le nom et en changeant deux ou trois phrases, histoire de ne pas être un copieur sur le plan de la propriété littéraire et artistique. Cela est beaucoup plus compliqué ! C’est vrai sur le plan juridique mais c’est vrai également sur le plan du marketing, encore plus sur le plan de la communication etc.
Donc le contrat du franchiseur doit intégrer tout cela en sachant qu’il a deux métiers : Son métier d’origine et le métier de franchiseur. Ce métier de franchiseur, il doit l’apprendre. Il y a des gens pour cela, il y a des conseillers en organisation, des conseillers en franchise, il y a des avocats, il y a des experts comptables qui sont là pour assister le jeune franchiseur.
Il y a la Fédération Française de la Franchise qui organise des stages fréquents et abordables. Il y en a quatre ou cinq par an qui sont organisés par des professionnels, par la fédération qui explique à « l’apprenti franchiseur » comment ne pas faire d’erreurs, comment éviter de reproduire les erreurs qui ont pu être commises par les prédécesseurs.
Le plus important c’est l’animation. Transmettre un savoir-faire c’est très difficile mais souvent le franchiseur sait qu’il doit transmettre. Il prend les précautions nécessaires, il s’entoure de conseillers compétents, mais il ne faut surtout pas qu’il oublie l’animation. Il faut qu’il l’intègre surtout lorsqu’il a un ou deux franchisés parce que ce sont les premiers franchisés qui feront son succès ou son échec. »