On évoque 11 milliards d’euros et une croissance de 5 % par an… Soutien scolaire, aide aux personnes âgées, gardes d’enfants, ménage et bricolage… Pourtant quelques réserves peuvent s’exprimer.
Une TVA à 5,5 % à laquelle s’ajoute le plan Borloo, tout semble bénéficier au marché des services à la personne. S’il y a de la place pour de nombreux entrepreneurs, il est bon de prendre conscience également d’un certain nombre de freins car la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît.
Alors que les projections sont très positives, il est quand même nécessaire d’être réaliste et de se rendre compte que certains particuliers sont encore réticents soit à faire appel à des employés pour des services très bas de gamme, soit simplement à ouvrir leur porte à des inconnus, tant les risques peuvent être grands. Dans un secteur qui touche à l’intimité des familles les réticences existent. La relation de confiance est difficile à établir, surtout en France.
L’idée du plan Borloo est de simplifier le système. Le développement du chèque-emploi service universel conjugué à certains dispositifs fiscaux doit rendre les prestations plus accessibles. Néanmoins les services restent plutôt consommés par des ménages au double revenu. Le plafond de la réduction d’impôt est à 50 % de la prestation dans la limite de 12 000 euros par an, un total rapidement atteint par une personne âgée par exemple.
D’autres incertitudes demeurent. Du côté de l’offre, les entreprises sont encore insuffisamment structurées. Le secteur reste dominé par 6000 associations, présentes dans les zones les plus reculées du territoire. Le plan Borloo vise à promouvoir les initiatives privées, mais certaines collectivités locales bloquent les agréments afin de préserver les acteurs historiques. Les entreprises vont bénéficier de la simplification des agréments et sont encouragées à se regrouper sous la bannière de grandes enseignes pour structurer l’offre.
Plus gênant, la plupart d’entre elles doivent se battre pour trouver du personnel fiable. Il existe à l’heure actuelle un déficit énorme de qualité… Les grandes enseignes sont encore dépendantes d’une multitude de prestataires dont les services ne peuvent pas toujours être garantis. Actuellement les filières de formation manquent.
Il faut ajouter que les salaires sont faibles et que certaines personnes peuvent être tentées d’exercer la même activité au noir, ou travailler en direct grâce au chèque-emploi. Une femme de ménage gagne autour de 7 euros de l’heure, en direct elle peut toucher 12 euros. Evidemment les entreprises vantent les garanties du salariat, avec une rémunération fixe et une activité régulière, néanmoins force est de constater un certain turnover et un manque de motivation, » si on propose des heures supplémentaires, ils partent » avoue un employeur.
Pourtant les grandes enseignes s’organisent et prennent de l’importance. Elles vont peser sur ce marché et l’on voit la part relative de l’emploi direct diminuer à leur profit. Le dispositif Borloo devrait arriver juste à temps pour clarifier l’offre et simplifier les démarches, afin de professionnaliser et structurer ce marché émergeant.
Dominique Deslandes
NDLR : Dans ce secteur voir la fiche de Adhap