Telle est, selon une étude récente, la volonté exprimée par la majorité des français. Ceci viendra étayer l’argumentation du gouvernement en faveur de son projet de Loi de la Modernisation de l’Economie (LME).
Certains députés craignent la déstabilisation de l’urbanisme commercial. En effet, en réformant la loi Raffarin, cette loi devrait donner plus de souplesse au droit d’installation. D’ailleurs, Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’industrie et à la consommation, déclarait récemment qu’il fallait rendre la distribution plus concurrentielle et permettre au consommateur d’avoir plus de choix, selon lui le rôle de l’Etat est de veiller à ce que la concurrence joue pleinement. De son côté, Christian Jacob, ancien ministre des PME, s’oppose au projet et certains de ses amis craignent que l’on tue le petit commerce… Mais François Fillon pense que la loi actuelle n’assure aucune protection.
Le projet de loi permettrait, rappelons-le, d’ouvrir des magasins de moins de 1 000 m2, sans autorisation. La France dispose aujourd’hui d’une densité commerciale parmi les plus élevées d’Europe. Le sondage réalisé par Ciao ! Surveys pour LSA apporte des éléments nouveaux. Il montre que 38,5 % des français veulent encore plus de grandes surfaces alimentaires et 16,4 % en veulent moins, tandis que 40,3 % veulent garder la même situation. Ce sont les grandes surfaces spécialisées qui sont surtout demandées : 50,5 % des français en veulent davantage, notamment pour les produits frais et les produits culturels. Quant aux magasins de centre-ville, il rassemblent 72 % de français qui en veulent plus, 29,2 % réclament un petit épicier de quartier. Ceci ressemble au bon vieux réflexe village gaulois et fait appel au sentiment nostalgique du mode de vie à l’ancienne, mais n’est peut être pas réaliste. Il y a loin en effet entre le déclaratif et le comportement d’achat des français consommateurs.
Les français craignent avant tout de voir certaines rues de ville avec des commerces fermés. Les députés eux-mêmes redoutent une déstabilisation de l’urbanisme de centre-ville en raison d’ouvertures plus nombreuses de supermarchés en périphérie. En tout cas il est clair que la baisse du pouvoir d’achat influence les opinions puisque les points de vente alimentaires les plus demandés sont des enseignes de hard-discount, à 39,5 %, surtout parmi les jeunes. Les plus de 55 ans sont moins séduits par ce mode de distribution. Le phénomène semble normal en raison des inquiétudes pour le pouvoir d’achat, en revanche la demande d’hypermarchés est également plus importante que celle de supermarchés et ceci représente plutôt une surprise. Même la densité commerciale globale paraît insuffisante, des enseignes comme Grand Frais ou Picard sont encore absentes de villes moyennes et leur installation nouvelle, en centre ville ou en périphérie, peut être une réponse aux besoins des consommateurs.
Vu dans LSA N° 2044 du 9 mai 2008