Une analyse a été réalisée à partir des demandes déposées auprès de la Commission Départementale d’Equipement Commercial. A travers ce baromètre du développement hôtelier en France on constate, en 2006, un recul global de 9 % par rapport à l’année précédente.
Depuis la loi Raffarin de 1996, tout projet de création d’hôtel et de résidence hôtelière de plus de 30 chambres en province et de plus de 50 en Ile-de-France, ainsi que les extensions qui font dépasser ces seuils, sont soumis à autorisation d’une Commission Départementale d’Equipement Commercial (CDEC).
Alors que les taux d’occupation progressent et que l’activité hôtelière française est particulièrement dynamique, le nombre de projets déposés à travers la France est en recul de 9 % en 2006 par rapport à 2005.
Parallèlement, on enregistre une montée en gamme des projets déposés. En nombre de chambres nouvelles, les deux segments 3 et 4 étoiles rassemblent près de la moitié de la capacité potentielle à venir. En 2006, 61 préfectures de la Métropole ont reçu 163 demandes, dont 154 pour des hôtels et 9 pour des résidences, soit une nouvelle offre potentielle de 8 351 chambres et 954 appartements. Cela veut dire aussi qu’un tiers des départements français n’a enregistré aucun dépôt en préfecture. Le plus grand nombre de projets hôteliers concerne le créneau 2* (41,8 % des demandes), suivie d’assez près par la
catégorie 3* (28,5 % des demandes). Le segment haut de gamme est bien représenté avec 21 projets et 1 361 chambres, tandis que l’hôtellerie très économique (Sans étoile et 1*) enregistre un tassement avec seulement 6 projets en 1* et 18 projets Sans étoile.
Une analyse des verdicts rendus pour les projets d’hôtels montre que la catégorie Sans étoile a été la plus pénalisée par les refus en Commission. Par ailleurs, les projets sont globalement de capacité supérieure à la moyenne actuelle du parc dans chacune des catégories hôtelières. La loi Raffarin a été accusée de favoriser le développement de l’offre des chaînes hôtelières, mieux équipées pour répondre aux exigences des CDEC. Dans la pratique, il s’avère que les CDEC sont de plus en plus sensibles aux projets présentés par des indépendants, qui représentent 52 % du nombre des dossiers, avec des capacités moyennes pratiquement identiques à celles présentés sous une enseigne de chaîne. Ces projets ont connu des taux de rejet presque deux fois supérieurs à ceux des indépendants. Au total en 2006, seuls 6 % des projets déposés n’ont pas été acceptés en Commission départementale.
Les membres de la CDEC ont toujours été davantage sollicités pour des créations (101 projets de 80 chambres en moyenne) que pour des extensions (62 projets de 20 chambres en moyenne), mais ces dernières sont en forte hausse, notamment chez les chaînes hôtelières. Avec la perspective d’une demande hôtelière qui se renforce, notamment sous la pression de la reprise de la demande des clients étrangers, la France pourrait manquer de chambres nouvelles. Les taux d’occupation se maintiennent et progressent, alors même que l’on enregistre un développement parallèle des projets de résidences de tourisme, qui n’ont pas besoin de passer en Commission d’équipement commercial.
Dominique Deslandes