En fait il apparaît que les consommateurs français se sont adonnés avec enthousiasme au shopping pendant les deux premiers mois de l’année. Mais les manifs ou le froid auront-ils des conséquences négatives ensuite ?
En janvier et février les ventes textiles ont progressé de 4 % : un bon bilan donné par l’Institut français de la mode. Ce sont les grands magasins et les chaînes qui en ont le plus profité, le commerce indépendant a connu un léger recul et les ventes textiles en hypermarchés ont diminué de 3 %.
Le rayon homme a fait une progression très forte de l’ordre, de 4,5 %. Mais c’est encore du côté de la femme que l’envolée a été dominante avec une augmentation de 5% du prêt-à-porter.
Alors pendant ce printemps, avec en plus la crise dite » du CPE « , comment cela se passe-t-il ? La plupart des économistes de l’hexagone parient sur une croissance que l’ordre de 1,8 %, 4 dixièmes de plus qu’en 2005, Dans un environnement international où la croissance n’a jamais été aussi forte, la France semble un peu à la traîne. On estime quand même que notre pays bénéficie de la reprise économique de l’Allemagne et de l’Italie.
Certains économistes, à l’institut de conjoncture Xerfi, notent aussi que le rapport qualité-prix français tend à se dégrader, comparé à celui des zones émergentes, ce qui nuit à l’exportation et même aux ventes internes. Aujourd’hui, d’après les premiers indices, le mois de mars verrait déjà la tendance optimiste régresser. On sait qu’une bonne tendance textile-habillement se prolonge rarement au-delà de deux mois, et ce sont bien les textiles et les cuirs qui ont bénéficié de l’embellie de janvier et février. Par ailleurs le textile pourrait rencontrer des difficultés nouvelles en raison du ralentissement de l’activité au Maghreb. En revanche la poussée chinoise sera moins importante cette année.
Il reste que l’un des enjeux majeurs de la filière pour les prochaines années sera le caractère plus offensif de l’export en particulier vers les pays en développement, notamment l’Asie. On cite une autre particularité : le contexte difficile connu par les distributeurs et pour les marques qui subissent une baisse des prix sur les articles d’habillement depuis l’été 2005. On a calculé en février 2006, une baisse des prix de 0,4 % sur douze mois. Donc ,même avec une consommation plus dynamique, le secteur subit une érosion de ses marges. D’autres éléments terviennent comme un léger frémissement de la filature lainière ou l’éventuel redémarrage de la filière cotonnière…
Enfin il y a deux faits objectifs qui interviennent en ce mois de mars. D’abord le froid persistant d’un hiver qui n’en finit pas et a considérablement freiné les ventes du mois. Mais aussi les manifestations anti-Cpe : avec des manifestants partout en centre-vill, les magasins ont souffert. Non seulement la fréquentation a diminué mais les troubles ont causé pour certains des dégâts qui occasionneront des pertes. Il est clair que mars 2006 restera dans les souvenirs pour d’autres critères que la montée des ventes d’habillement. Pourtant certains professionnels restent confiants car ils savent que dès que les beaux jours réapparaissent, les acheteurs reviennent, de plus les fêtes de Pâques étant plutôt tardives, les consommateurs auront l’occasion de se rattraper en avril.
Dominique Deslandes