D’après une étude récente de PRECEPTA sous le titre : « Transport de personnes et mobilités – Enjeux concurrentiels et perspectives stratégiques pour les acteurs », le modèle de mobilité centré autour de la voiture a vieilli, bien que le transport individuel (voitures particulières et deux-roues motorisés) truste encore aujourd’hui plus de 80% du trafic de passagers en France, loin devant le ferroviaire, l’autobus et l’aérien.
La monomodalité a d’abord laissé place à la multimodalité, à savoir l’existence de plusieurs modes de transport entre différents lieux. Le mouvement de libéralisation du secteur, les tensions économiques et l’évolution des mentalités par rapport à l’usage de la voiture ne sont évidement pas étrangers à l’essor des mobilités alternatives. Sans oublier la révolution digitale, qui bouleverse les habitudes des voyageurs en matière d’accès à l’information, tout en rendant le transport plus durable et plus intelligent.
La multimodalité étant acquise, c’est maintenant l’intermodalité, c’est-à-dire l’utilisation de plusieurs solutions de transport au cours d’un même déplacement, qu’il s’agit de bâtir. Et pour relever ce défi stratégique, les opérateurs traditionnels du transport de personnes et les nouveaux entrants du numérique n’ont d’autre choix que de jouer collectif, de l’avis des experts de Precepta.
L ‘union fait la force !
Afin d’innover en matière de mobilité la collaboration entre les opérateurs traditionnels du transport est de mise selon les experts de Precepta. Malheureusement, dans la réalité ce n’est pas le cas. Chacun semble mettre au point sa propre stratégie individuelle comme le montre l’exemple de la SNCF ou de Transdev. Leurs offres se sont même élargies pour intégrer les solutions d’autopartage, de covoiturage, de VTC etc., tout en s’appuyant sur de nouveaux services numériques. Ainsi, Keolis a lancé en octobre 2015 l’application PlanBookTicket, qui permet d’organiser son parcours, d’acheter son titre de transport et de le valider sur smartphone.
En réalité, les opérateurs traditionnels sont sous pression et leur réaction défensive ne sera pas efficace sur le long terme, estiment les experts de Precepta. Ils auraient tout à gagner en s’unissant avec les nouveaux acteurs entrant dans le secteur (note d’ac-franchise.com : mais attention à la dépendance envers ces acteurs, on comprend les réticences) :
– Accélération de la transmission numérique grâce à la capacité des plateformes, telles que BlaBlaCar pour le covoiturage ou encore d’Uber pour le VTC, à fédérer une importante communauté de voyageurs et à leurs compétences en termes d’expérience utilisateur.
– Création de la coopération pour créer des standards en matière de systèmes d’information, de partage des données de transport, voire de billettique.
Quelques alliances stratégiques intéressantes voient ainsi le jour. Par exemple, Vinci et BlablaCar ont créé l’offre de télépéage « Temps Libres » en avril 2015, permettant aux utilisateurs de la plateforme de disposer de voies et même de places de parking réservées sur le réseau autoroutier.
D’autant que la collaboration ne va pas à l’encontre des intérêts propres de chaque acteur si elle s’appuie sur des monopoles complémentaires. Ainsi, le transport aérien est plébiscité sur les trajets longue distance, pour lesquels les passagers privilégient la vitesse, alors que le covoiturage présente d’importants avantages pour les trajets moyenne distance d’une clientèle jeune et urbaine. La compétition reste en revanche possible entre des modes de transport concurrents pour un même trajet (bus, métro, trawmay etc.).
Quel avenir pour les services de mobilité en France ?
Precepta présente 2 actions possibles et précise que la réalité se situera entre les deux scénarios suivants :
Scénario 1 : Offrir aux voyageurs des trajets optimaux « sans couture ». Cela demande de la part des acteurs du transport de travailler en collaboration sur le plan local et national dans le but de proposer une offre globale de mobilité. Cette orientation stratégique s’appuie notamment sur un meilleur partage des données, qui favorise la création de nouveaux services, comme la billettique unique. Cela suppose également que les pouvoirs publics (Etat, régions, villes, etc.) se coordonnent pour impulser une vision plus collective de la mobilité.
Scénario 2 : Les acteurs de la mobilité réfutent l’idée de partager leurs données et d’opter pour une vision collaborative. La mobilité y est toujours organisée en silos, sans véritable cohérence globale. In fine, l’absence de coordination conduit à une fracture de mobilité entre espaces urbains bien desservis et territoires périphériques marginalisés. Ce scénario favorise la constitution d’oligopoles ou de monopoles sur les différents segments de marché de la mobilité. Le voyageur choisit l’offre de transport la plus adaptée à son budget et à ses préférences.
Auteur de l’étude : Thibaud Brejon de Lavergnée
Vu dans Dossier spécial Vacances-Juillet 2016 Groupe Xerfi