La capitale dispose de 1 500 km de rues avec plus de 60 000 commerçants et 30 000 artisans. Or la spéculation immobilière semble menacer ce tissu commercial, de manière inégale dans les 20 arrondissements.
A l’heure de la campagne des municipales, Paris a besoin à la fois du soutien des élus et d’incitations pour se moderniser. La Pharmacie et La Poste des Champs Elysées ont été contraintes de baisser le rideau en raison du prix devenu prohibitif des loyers.
L’équipe en poste à l’Hôtel de Ville affirme avoir pour obsession la préservation de la diversité commerciale dans Paris. La ville a trois zones de chalandise : la planète toute entière, avec essentiellement l’offre touristique ; l’Ile de France, avec ses pôles régionaux ; ses 120 quartiers, avec ses commerces de proximité. Ces derniers constituent la base de la structure pyramidale. Il est vrai que la réhabilitation et la sauvegarde commerciale de 11 quartiers sont en voie de réalisation mais la protection à usage commercial de 260 km de rues a été annulée par le Tribunal administratif, un recours est actuellement en appel.
On constate que le contexte et les infrastructures ne sont pas toujours adaptés aux petits commerçants. La Commission Départementale d’Equipement Commercial (CDEC) a étudié 300 dossiers en sept ans, seuls 15 d’entre eux ont été rejetés. De plus la CDEC est impuissante sur les surfaces de moins de 300 m2. Ainsi une enseigne textile a pu remplacer la librairie historique des Presses Universitaires de France place de la Sorbonne. Il s’agit d’abord de lutter contre la mono-activité.
Si le libéralisme prôné par la Commission Attali s’impose, sera-ce la fin du petit commerce? Le droit de préemption des Maires sur les baux commerciaux a été un outil jusqu’alors inexploitable mais grâce à un nouveau décret d’application, il permettra d’intervenir davantage. Au-delà d’un interventionnisme positif, le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (CCIP) réclame des mesures incitatives.
Par le biais d’exonérations de taxes, il serait possible de faciliter les cessions de commerces de proximité. L’accompagnement devient essentiel afin que les commerçants se professionnalisent, s’associent et pérennisent leurs activités. 20 % des commerçants vont en effet partir à la retraite et plus de 11 000 commerces vont ainsi changer de main. La CCIP a mis en place des journées » passe le relais » pour la mise en relation de cédants et de repreneurs. Il est important également de promouvoir le commerce de proximité auprès des jeunes. Afin de donner une image plus moderne, la Chambre de Commerce a inauguré à la Bourse du Commerce un espace de démonstration sur l’e-mailing, la PLV, etc.
Restera à améliorer l’accessibilité, c’est toute la politique des moyens de transport qui est concernée, automobile comprise. Enfin tout le monde s’entend pour exprimer la nécessaire amélioration de la concertation entre les partenaires, avec une plus grande solidarité des commerçants, en particulier à travers leurs 250 associations.
Dominique Deslandes