Alors que le déclin des ventes de CD se confirme, le marché légal de la musique en ligne s’annonce. C’est en tout cas ce que veulent croire les professionnels. Il s’agit d’une part de limiter les piratages incontrôlés et d’autre part de trouver des objectifs de croissance sur un marché dématérialisé.
La diminution des ventes de disques en France est de 11,5 % pour 2003 et on parle déjà de 21 % pour le premier trimestre 2004 ! C’est un paradoxe car le public est de plus en plus demandeur de musique, les spectacles vivants font le plein, ainsi la Fnac voit une croissance de 15 % pour les ventes de places de concert, les programmes de variétés télévisuelles sont largement regardés et le film » Les choristes » cartonnent avec plus de 6 millions d’entrée et 250 000 ventes de la bande originale…
Le succès de sites de téléchargement licite en ligne va se confirmer avec l’entrée en lice de distributeurs spécialisés pour la France : Virgin.fr en mai et Fnacmusic en septembre… En fait si nous assistons à la prise de pouvoir de la musique en ligne, seul le marché du CD est visé. Pour certains professionnels » l’assassin n’habite pas au MP3 « , puisque l’impact du piratage représente à peine 2% de la baisse du marché en France en 2003. La concurrence se trouve accrue entre DVD, livres, loisirs, etc. Car le français doit faire des choix sur un budget limité. D’ailleurs la grande distribution se désengage au profit du DVD et songe même à se lancer dans la vente de musique en ligne.
On note aussi une absence de politique claire des prix. Les coûts ont été dopés ces dernières années par les frais de marketing et de promotion, sans résultats sur les ventes, en 2003 on a d’ailleurs connu une baisse des investissements marketing. Il est clair que le souci de la rentabilité à court terme ne permet plus une réelle démarche artistique, les leaders concentrent leur catalogue sur les artistes les plus rentables. Les indépendants commencent de ce fait à recueillir les artistes évincés devenus moins gourmands. Il reste que le CD deux titres est appelé à disparaître. L’avenir de l’album est moins pessimiste si son acquisition représente une vraie valeur ajoutée, avec bonus et contenus de qualité exceptionnelle.
Les parts de marché ne se gagnent plus dans la grande distribution mais chez les spécialistes. Le marché s’organise d’un point de vue technologique, juridique et commercial. La grande distribution est encore en observation des évolutions annoncées mais semble prête à attirer des clients sur ses sites Web grâce à la musique en ligne. S’il ne semble pas à l’exemple de ce qui se passe aux Etats Unis, que la musique en ligne puisse rapporter gros, elle devrait permettre des ventes additionnelles telles qu’un baladeurs. La fête de la musique est encore en ligne… de mire…
Vu dans LSA n° 1865