Vu dans la lettre de l’APCE : « Taxis, notaires, coiffeurs et cafetiers accusés de brider la création d’emplois. » C’est un comble !
« Pierre Cahuc et Francis Kramarz, économistes indépendants ont remis un rapport intitulé « De la précarité à la mobilité : vers une Sécurité sociale professionnelle » à Nicolas Sarkozy, ministre de l’Economie et des Finances.
Ils démontrent, entre autres, que la libéralisation des activités réglementées permettrait de créer de nombreux emplois.
Trois barrières seraient, selon eux, à lever : le numerus clausus, les réglementations restreignant l’entrée dans certaines professions et les diplômes demandés parfois très difficiles à obtenir ou pas toujours nécessaires. (article signé Rémi Godeau)
Source : Figaro Economie du 22/11/2004«
Humeur !
Bon, on veut bien admettre que l’absence de réglementation puisse favoriser l’arrivée d’investisseurs et créer des emplois mais de là à penser que c’est souhaitable si la sécurité est en jeu (sécurité de vos biens pour les notaires, sécurité routière et moeurs pour les débits de boissons alcolisées, sécurité de vos oreilles pour les coiffeurs…) et de là à accuser les taxis, notaires, coiffeurs et cafetiers d’une réglementation qu’ils n’ont pas forcément souhaitées, c’est un peu fort !
Exemple : La réglementation sur les cafés concernent les licences permettant la vente d’alcool. Certes, en 1914, une ville de garnison comme Hesdin (62) avait 3000 habitants 3000 soldats et 110 débits de boisson officiels soit un « bistrot » pour 55 personnes ! Certes, on peut comprendre que l’état ait souhaité réguler et éviter que des bistrots à soldats ne s’ouvrent à côté des écoles. Certes, il faut acheter une licence d’un café qui ferme pour en ouvrir un autre dans une ville nouvelle où ce café rendra un vrai service et favorisera la création des liens sociaux. Certes, certes, mais de là à accuser l’administré des conséquences d’une réglementation qu’il n’a pas demandée, c’est un peu fort et le raisonnement vaut pour bien d’autres cas.
Un autre exemple : L’état a créé la loi Royer puis la loi Raffarin pour protéger le petit commerce et l’emploi mais il a aidé les grandes surfaces à s’installer pour faire baisser les prix et les municipalités les ont aidées aussi pour toucher les taxes professionnelles. Aujourd’hui, on sait que le renforcement de la loi Royer par la loi Raffarin a tellement protégé les grandes surfaces existantes qu’elle a stoppé l’effet positif sur les prix et qu’elle a fait bondir la fortune des familles possédant les zones commerciales périphériques en leur donnant une valeur de pas de porte que seuls les magasins de centre ville avaient jusqu’alors. De plus, la modernisation du commerce est bloquée par le frein à l’implantation des nouvelles formules.
Conclusion : Nous n’avons pas lu le rapport en entier et ne savons exactement ce que les auteurs proposent mais il nous paraît évident que la transposition médiatique ou politique de ce rapport a plutôt mal démarré par des raccourcis tendancieux !
Jean Samper