Longtemps considéré comme un circuit de distribution sur le déclin, voire en voie de disparition, le commerce de proximité connaît un regain d’intérêt de la part des clients comme des distributeurs. Si de nombreux facteurs semblent pouvoir expliquer ce phénomène, comme l’évolution à la fois démographique et sociologique de la société, l’agence de conseil IRI, experte du marché des Produits de Grande Consommation (PGC) a voulu en savoir plus à partir d’une analyse des données de plus de 5300 magasins rentrant dans ce périmètre.
Plusieurs raisons au nouvel engouement pour le commerce de proximité
Effet de la loi Galland votée en 1996 qui avait notamment pour but de protéger les petits commerces des pratiques tarifaires de la grande distribution, conséquences du vieillissement de la population, développement de la fragmentation des courses, beaucoup de paramètres pourraient expliquer le dynamisme actuel du commerce de proximité.
Ou plutôt de sa renaissance puisque le développement des hypermarchés semblaient avoir relégué le commerce de proximité au rayon des circuits de distribution marginaux.
Mais plus que des mots, l’agence de conseil IRI, experte du marché des Produits de Grande Consommation a publié en juillet 2014 une étude sur le phénomène à partir de l’analyse de données de plus de 5300 magasins rentrant dans ce périmètre.
Un chiffre d’affaires de 8,5 milliards d’euros
Selon l’IRI, « les marchés des Produits de Grande Consommation dans les grandes surfaces alimentaires sont depuis plusieurs années quasiment stables après une longue période de croissance quasi-ininterrompue. Les réservoirs de croissance peuvent se situer désormais sur d’autres formats de magasins, aux premiers rangs desquels la proximité (Vival, Spar)
D’où le regain d’intérêt à la fois des industriels et des distributeurs pour ce ou ces circuits de distribution ». En témoignent le chiffre d’affaires PGC de la proximité en 2014 de près de 8,5 milliards d’euros (Cumul Annuel Mobile – CAM – P5 2014), 12 à 13 milliards d’euros par an en assimilant Distribution Valeur (DV) et Distribution Surface (DS), soit près de quatre fois le chiffre d’affaires du Drive, l’équivalent de celui du Hard Discount, ou encore le quart de l’activité des Hypermarchés.
4 000 références en moyenne avec surreprésentation des boissons
En termes d’offres magasins, la moyenne des commerce de proximité tourne autour de 4 000 références, avec toutefois des écarts notables entre les structures de 3 000 à 6 000 références (6 000 pour Casino Shop et jusqu’à 10 000 pour Spar Supermarché). En comparaison, c’est un peu plus qu’un magasin hard discount mais un peu moins qu’un drive et six fois moins importants qu’un grand hypermarché. A noter, précise l’étude, que « en ce qui concerne la structure de l’offre selon le type de marques, il apparait que les commerces de proximité ont une part d’offre Marque De Distributeurs (MDD) particulièrement forte. Avec 37.5% des produits proposés au consommateur, l’écart est de près de 10 points avec un grand Supermarché ». Autre originalité : la proportion importante des boissons sans alcool et des bières par rapport aux produits DPH (Droguerie, Parfumerie, Hygiène).
Importance du snacking et des mois estivaux
D’ailleurs, l’analyse du poids de la proximité sur les 200 catégories du PGC montre des variations extrêmement importantes, notamment sur le marché du snacking (sandwichs, salades fraîches, etc.), qui « montre que le circuit est loin de se limiter à une clientèle senior ». Autre donnée intéressante : la saisonnalité des ventes. « Par rapport aux autres circuits de distribution, la proxi s’avère nettement sur-performante sur l’ensemble de la période estivale (de début juin à fin août) et nettement en retrait sur décembre. Elle bénéficie des mouvements migratoires de l’été mais est victime de la forte augmentation de l’activité des Hypermarchés au moment des fêtes de fin d’année », souligne l’étude.
Des perspectives encourageantes bien qu’à nuancer
En conclusion, l’étude s’attarde sur les perspectives à court et long terme du commerce de proximité. Tout d’abord il semble qu’il représente un réservoir de croissance important sur les marchés PGC, par ailleurs quasiment stables depuis plusieurs années, ce qui explique en partie l’intérêt des industriels et distributeurs. Pourtant, ajoute l’étude, « il est plus raisonnable de prévoir une stabilité voire un très léger développement de la proximité, à parc constant ou quasi- constant », sauf événement exceptionnel comme la promesse de rachat de l’enseigne DIA par le groupe Carrefour. L’explication : « Si une grande partie du parc de cette enseigne de soft discount était transformée en magasins de proximité, la proximité ferait mécaniquement un bond de près de 2 milliards à terme. » Par ailleurs, si le commerce de proximité en milieu urbain pourrait poursuivre son développement, notamment par le fait qu’il représente un complément idéal à la formule Drive, en milieu rural, cela semble plus incertain, sauf si le secteur de la proximité se dote de services complémentaires comme le dépôt de colis ou encore un service pressing.