Les résultats d’une enquête auprès de dirigeants de TPE (très petites entreprises) ayant embauché avec le Contrat Nouvelles Embauches (CNE).
Si seulement 5% des TPE ont embauché en CNE depuis son instauration, pour une moyenne de 1,3 contrat par entreprise, ce nouveau contrat trouve toutefois progressivement sa place dans le paysage social de la TPE. Après six mois d’existence, le CNE se révèle, selon cette étude, être un succès pour l’emploi, une opportunité pour les TPE, une chance pour certains jeunes.
Certes, un bon tiers des CNE auraient malgré tout été conclus en CDI, même sans ce nouveau dispositif. D’autant plus qu’un tiers des salariés en CNE n’auraient pas été embauchés si le CNE n’avait pas existé ; c’est-à-dire environ 60 000 personnes. Le CNE ne crée pas par lui-même l’emploi, les mauvais chiffres du dernier trimestre 2005 en attestent (création nette d’emplois négative à -1%). En réalité, seule l’activité crée l’emploi, le CNE facilitant uniquement la décision d’embaucher grâce à sa période de consolidation de deux ans.
Pour 55% des patrons, cette souplesse limite les risques si l’activité de l’entreprise ralentit. C’est primordial pour une TPE, sachant que les coûts annuels induits par une nouvelle embauche (salaire, charges sociales, frais connexes…) nécessitent une augmentation du chiffre d’affaires comprise entre 15% et 50% selon les entreprises. Pas facile dans un pays où la croissance subsiste en dessous de 2%. Dès lors, si les objectifs ne sont pas atteints, une réaction rapide est indispensable, simple question de survie. C’est là tout l’intérêt du CNE : favoriser la prise de risque tout en l’encadrant.
La période de deux ans permet aussi de tester plus longtemps les compétences des salariés, ce qu’apprécient volontiers 92% des patrons de TPE. Compréhensible lorsqu’on analyse, tous contrats confondus, le statut antérieur des salariés embauchés par les TPE. 57% étaient préalablement sans emploi, 32% en CDD, en apprentissage ou en stage. Par ailleurs, 28% sont sans diplôme et 40% supplémentaires n’ont pas le Bac. Ces pourcentages sont encore plus élevés pour les bénéficiaires du CNE, principalement des jeunes peu diplômés en situation précaire, auxquels les TPE osent donner leur chance grâce au CNE.
Enfin, le CNE ne semble pas avoir » cannibalisé » les autres contrats. D’ailleurs, au cours des trois derniers mois, il a été signé deux fois plus de CDI que de CNE. Les TPE en ont donc fait une utilisation raisonnable. Elles n’embauchent pas pour licencier, car cela coûte cher, y compris, peut-être surtout en CNE. En outre, elles n’ont aucun intérêt à abuser de la liberté de licencier, les prud’hommes risquant de les pénaliser lourdement, on sait que pour les CNE les premières affaires sont déjà en cours. Au final les pratiques apparaissent équilibrées.
(Voir en complément notre article sur l’emploi salarié des entreprises en création pure le 8 mars)
Dominique Deslandes