Critiquée de toute part pour l’indice des prix, incapable de livrer un taux de chômage acceptable, soupçonnée d’être inféodée au Gouvernement, l’institution a perdu de la crédibilité dans l’opinion.
200 personnes travaillent à l’élaboration de l’indice des prix, qui compterait parmi les plus fiables du monde. Les syndicats ont exigé son remplacement et la candidate Ségolène Royale l’a qualifié de mensonge public. Il n’est certes pas populaire. On lui reproche surtout de ne pas tenir compte de la hausse des loyers, de faire la part trop belle à la baisse des écrans plats ou de passer à côté de l’envolée du prix des tomates. Pourtant le FMI salue cet indice comme étant d’un haut degré de justesse méthodologique.
Près de 180 enquêteurs de terrain relèvent en permanence les prix de 120 000 produits ou services. Au siège 25 agents spécialisés, parmi lesquels des experts sectoriels, actualisent les échantillons en fonction de l’évolution de la structure globale de la consommation des ménages. L’indice des prix n’est pas fait pour refléter l’inflation subie par une catégorie de français mais celle d’une entité virtuelle qui dépenserait exactement son argent comme la moyenne de notre population….
Pour ce qui est du taux de chômage, l’actuel cafouillage sur les chiffres n’est pas le fait de pressions politiques, même si cela peut sembler les arranger, mais plutôt le résultat de difficultés techniques. L’Insee réalise sa propre enquête emploi, en demandant à un échantillon de français s’ils ont un travail ou non, et extrapole ensuite les réponses. Cette enquête est réalisée deux fois par mois et, entre temps, le chiffre est ajusté mensuellement en fonction des demandes d’emploi à l’ANPE. Au début cela fonctionnait, mais depuis que l’Insee a fait évoluer ses méthodes en fonction des autres pays européens, il y a des décalages. Finalement les experts de l’Insee eux-mêmes reconnaissent que les résultats varient selon les méthodes de calcul.
L’opinion publique doute de plus en plus de la pertinence des chiffres communiqués. Ceci est très ennuyeux quand on sait que les orientations de la politique économiques se décident en fonction des informations fournies par l’Insee… Pourtant il ne faut pas tout jeter à la poubelle, ainsi personne ne vient contester les chiffres des recensements. De plus, même avec une marge d’erreur, la plupart des informations sont utilisables. Enfin parce que bien que d’incessants procès en sorcellerie lui soient intentés, l’Insee n’est pas inféodée au gouvernement, même si parfois celui-ci peut exercer quelques pressions… La réalité est que l’art des chiffres est plus compliqué qu’on ne le croit. Les données doivent être prises avec un certain recul.
Vu dans Capital – Mai 07