Dans son étude récente « Trente ans de vie économique et sociale », l’Insee a examiné tous les facteurs de la vie économique française et comment elle s’est transformée. Depuis quelques années, la croissance stagne alors qu’elle affichait une moyenne de 5,3% entre 1950 et 1974 (les 30 glorieuses) pour plafonner à 2, 3% entre 1975 et 2007. Deux évènements ont modifié ainsi l’économie : 1974, premier choc pétrolier et 2007 crise monétaire mondiale mais ce ne sont les seuls phénomènes qui expliquent que la croissance française est estimée à 1,5% maximum aujourd’hui. Les grands bouleversements sont la diminution du poids de l’agriculture et de l’industrie, l’ouverture à l’international, le déséquilibre du marché du travail, la hausse des finances publiques.
Vers une économie axée sur le secteur marchand et tertiaire
L’agriculture représentait en 1949 18% de la valeur ajoutée totale elle atteint aujourd’hui à peine 2% (entre 1,5 et 2%). La part de l’industrie aussi est en chute et passe de 25% en 1960 à 10%
Conséquence : une montée en puissance des services marchands, qui passe de 35% au début des années 1950 à plus de 50% ajouté à l’apparition d’une nouvelle économie numérique. Le secteur informatique a multiplié par trois les métiers du secteur en 30 ans.
Quant à l’emploi public il représente depuis le milieu des années 1980 environ 20% de la valeur ajoutée totale, contre 12% au début des années 1950. Les entreprises non financières ont gardé leur taux de marge (28 % entre les années 1950 et 1960 et 28,4% en 2012) : il a baissé dans les années 70 à cause du premier choc pétrolier et s’est ensuite redressé à 32% en 1989( politique de désinflation compétitive et contrechoc pétrolier de 1986).
Un pouvoir d’achat en berne et des comptes publics en déséquilibre
Le pouvoir d’achat des ménages a augmenté presque régulièrement depuis 60 ans, les seules exceptions significatives portant sur les années 1983 (-1%), 1984 (-1,9%) et 2012 (-1,5%). Très dynamique au cours des Trente glorieuses (+4,4% en moyenne par an au cours des années 1960), le pouvoir d’achat des ménages a ensuite pâti fortement du ralentissement des gains de productivité horaire. Il stagne en moyenne sur les dernières années, marquées par la récession de 2009.
Les comptes publics sont équilibrés jusqu’en 1974. Le premier déficit public marquant résulte des mesures de relance décidées par le gouvernement après le premier choc pétrolier, et l’impact de la récession sur les rentrées fiscales. A partir de 1981 et jusqu’en 1997, le solde primaire (hors intérêts de la dette) est systématiquement négatif. À partir de 2002, le solde primaire n’est plus jamais positif et le déficit total oscille entre 2% et 4% du PIB au cours des années 2002 à 2008. La crise financière de 2008 et la récession sans précédent creusent le déficit qui dépasse 7% du PIB en 2009 et 2010. Les mesures de redressement des finances publiques mises en œuvre à partir de 2011 ont permis de résorber ce déficit, à 4,1% du PIB fin 2013. La dette, elle, continue de grimper: de 64,2% du PIB fin 2008, elle devrait atteindre 95% fin 2014.
La mondialisation et son impact sur l’équilibre du commerce extérieur
La France s’est beaucoup développée dans le monde. Avec moins de 15% du PIB à la fin des années 1960, la part échanges commerciaux (exportations et importations) atteint 25% du PIB au début des années 2000.
La courbe du solde commercial est beaucoup plus accidentée. Excédentaire dans les années 1960, il chute après le second choc pétrolier pour afficher de 1980 à 1982 un déficit de l’ordre de 2% du PIB. Il se redresse ensuite et la France affiche du début des années 1990 jusqu’en 2003 un solide excédent commercial (jusqu’à 2,7% du PIB en 1997). Dégradation ensuite avec un déficit commercial de 1,5% du PIB à partir de 2007. Si les récessions de 1975 et 1993 avaient coïncidé avec un redressement du solde commercial (la chute de la demande intérieure entraînant celle des importations), celle de 2009 est directement liée à la crise qui cette fois est mondiale.