Si elle est vécue aujourd’hui comme une évidence chez les britanniques, il reste difficile d’en mesurer les effets.
Voici maintenant treize ans qu’une libéralisation partielle de l’ouverture dominicale est entrée en vigueur. Au total 41 % des britanniques font leurs courses le dimanche au moins une fois par mois, dont 10 % toutes les semaines. Le Gouvernement de Tony Blair avait envisagé un libéralisation complète mais a finalement opté pour le statu quo. Economiquement le bilan semble positif. Mais les bénéfices ne viennent pas de là où on pouvait les attendre.
Il est clair que les consommateurs répartissent leurs dépenses sur sept jours au lieu de six. Néanmoins l’ouverture du dimanche permet aux magasins de mieux utiliser leur surface de vente, ce qui entraîne une réduction de coûts. Ceci se remarque spécialement pour les grandes surfaces où les pics d’affluence sont gommés, ce qui permet de réduire les embauches temporaires sur ces périodes. Cela entraîne donc une diminution des embauches. De plus le lissage de la fréquentation fera que le magasin sera satisfait de sa surface et ne sentira pas le besoins de s’agrandir. Ces remarques ne fonctionnent évidemment pas pour les petits magasins avec peu d’employés. En Grande-Bretagne ils ont bénéficié, dès l’instauration de la loi en 1994, d’une libéralisation complète. Au départ ils ont considéré que cette situation les avaient affaiblis.
Mais, s’il est certain que les petits magasins sont en baisse depuis quelques années, on peut penser que l’ouverture du dimanche n’est pas la seule responsable de cet situation. Elle peut cependant en être un des facteurs majeurs. Quant aux conséquences sociales de la loi, elles sont doubles. Il semble d’après les syndicats que, même si cela devait être fondé sur le volontariat, les employés n’aient pas la liberté de refuser de travailler le dimanche. De plus on a vu se multiplier les petits boulots, les emplois à temps partiels ont fait un bond de 17 %, alors que les emplois à temps plein ne progressaient que de 11 %. Il est reconnu que la plupart des salariés du dimanche sont des étudiants. A la clé il est donc difficile de tirer un véritable bilan des ouvertures le dimanche en Grande-Bretagne, les effets sont plus complexes qu’il n’y paraît à première vue. Les vrais gagnants sont sûrement les grands magasins ou les grandes enseignes nationales. Les consommateurs aussi bien sûr, qui bénéficient d’une plus grande souplesse pour faire leurs courses. Il est évident qu’il s’agit d’un changement social sans véritable gain économique quantifiable. Néanmoins aujourd’hui l’habitude est prise et il est impossible de revenir en arrière.
Dominique Deslandes