Un français sur deux serait prêt à payer plus cher des produits du commerce éthique. Un sur cinq est devenu un client équitable. Pourtant la France fait figure de mauvais élève.
De plus en plus de consommateurs se soucient des conséquences environnementales et sociales de leurs achats. La notoriété de ce type de commerce solidaire est passé de 9 à 75 % dans l’esprit des français entre 2000 et 2006. Cela représente-t-il un avantage pour les commerçants ?
La loi du 2 août 2005 en faveur des PME assimile le commerce équitable à des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteurs désavantagés, situés dans des pays en voie de développement. Le commerce équitable a donc pour but d’améliorer les conditions de vie des producteurs de ces pays. Certains consommateurs aimeraient que ces produits ne puissent être vendus en grandes surfaces dont ils jugent la politique fournisseurs inéquitable, d’autres souhaiteraient que la notion soit étendue à tous les producteurs.
L’essentiel des débouchés se situe dans l’alimentation, dont le café est le produit phare. L’offre se diversifie, chez Alter Eco on propose 70 références d’alimentation, 14 de cosmétique et 4 de coton. Ces produits peuvent être l’opportunité pour de petits commerçants de se démarquer en proposant une offre alternative. Si votre commerce n’est pas dans l’alimentaire vous pouvez aussi vendre des produits artisanaux : arts de la table, objets de décoration, tapis, textiles, jouets, fleurs, séjours touristiques…
Il faut savoir que le surcoût du commerce équitable est surtout dû aux faibles volumes échangés. La répartition des coûts et des bénéfices entre les différents acteurs n’est certes pas la même mais on observe que le distributeur et le producteur gagnent mieux leur vie que pour les produits classiques grâce à la diminution très forte de la marge de l’importateur qui passe de 73 à 46 %. Au final les marges d’un commerçant équitable sont identiques à celles d’un commerçant classique. D’ailleurs le secteur voit son nombre de magasins augmenter régulièrement.
La difficulté est plutôt du côté de la gestion de ce type de commerce, notamment pour les stocks. Le plus souvent par exemple en textile, une fois la production écoulée les réassorts s’avèrent impossibles.
Le principal atout de ces produits est leur supplément d’âme mais il faut y associer une qualité irréprochable. La plus-value apportée par le commerçant dans le domaine équitable et bio est plus encore qu’ailleurs celle du conseil. Le consommateur recherche ici de l’information, il est important de connaître parfaitement l’origine du produit, le mode de production et la décomposition exacte du prix. C’est une question de crédibilité et de confiance.
Il ne s’agit pas de produits d’appel quelconques, le client est aussi un militant. C’est en connaissant parfaitement ses fournisseurs que le commerçant équitable fera la différence. Certains ont un espace dégustation qui permet à l’enseigne de communiquer sur la qualité des produits. Des animations peuvent aussi être proposées en particulier pour les enfants ou les apprentis cuisiniers afin de mettre en valeur des produits mal connus. Des documents d’information sont également disponibles voire même des magazines à parution régulière qui permettent de créer le lien nécessaire entre les producteurs et les consommateurs.
Dominique Deslandes