La loi de modernisation économique permettra-t-elle de nouvelles créations de moyennes surfaces ou suit-elle simplement un mouvement déjà entamé ?
En réalité il semble bien que la loi Raffarin, rendue responsable du manque de concurrence, n’ait pas eu de répercussions si évidentes sur les ouvertures de magasins au cours des dernières années. Elle était pourtant censée limiter les grandes surfaces et préserver le petit commerce de centre-ville.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les fameuses CDEC (Commission Départementales d’Equipement Commercial) et CNEC (Commission Nationale) ont accepté 80 % des projets qui leur ont été présentés en 2007. Ainsi, grâce aux autorisations de 2007, plus de 450 grandes surfaces alimentaires, et notamment 31 hypermarchés nouveaux, vont être construits. Dans le non-alimentaire ce sont plus de 3 millions de m2 et plus de 1 000 magasins qui sont autorisés à ouvrir.
En fait la loi de modernisation économique semble bien accompagner simplement une tendance déjà largement entamée. Certains s’en inquiètent car la France se couvre de grandes surfaces, non encore visibles aujourd’hui, qui sortiront de terre rapidement dans les trois prochaines années. LSA (Libre Service Actualités) estime que 8 nouveaux millions de m2 de surfaces commerciales vont ainsi s’épanouir. C’est l’équivalent de 3 200 hypers de 2 500 m2 ! La situation est nouvelle car il y avait peu de créations dans les dernières années…
Certains s’en réjouissent, comme le président de la FCD (Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution) alors que le délégué général de Procos, qui représente les enseignes en centre-ville, déplore une anarchie qui s’installe. L’augmentation des retail parks rapidement construits en périphérie serait ainsi symbolique de la collusion financière entre le secteur et les élus à la recherche de taxes professionnelles…
De son côté le Conseil national des centres commerciaux prétend qu’au contraire les retail parks apportent des solutions urbanistiques de qualité pour des enseignes nouvelles. Ils sont de vrais relais de croissance pour le commerce. D’ailleurs des régions entières restent dominées par un seul hypermarché, affirmant ainsi sa position dominante, tel Leclerc dans l’Ouest, Auchan dans le Nord ou Casino en Paca…
L’augmentation des autorisations a bien profité à l’alimentaire, et pas seulement au hard-discount, Il y a eu aussi de nombreuses initiatives nouvelles, plus haut de gamme. On peut donc s’attendre à voir arriver de nouvelles enseignes et dans le non alimentaire aussi est prévue une arrivée massive de nouveaux magasins. Dans le secteur du non-alimentaire, on compte 3 millions de m2 et plus de 1 000 magasins à venir.
Certains pointent un libéralisme à l’américaine., où les mètres carrés ne sont plus rentables. Les maires auraient sans doute dû y songer au moment de donner les autorisations. Or on sait que leur rôle sera renforcé par la nouvelle loi de modernisation économique, ce qui pose question pour certains professionnels. Ainsi dans le bricolage où 140 autorisations sont signées, on assiste déjà à la fermeture de certains magasins.
Vu dans LSA n° 2046 du 22 mai 2008