On peut dire qu’on est vraiment intelligent lorsqu’on se rend compte qu’il y a d’autres gens plus intelligents que soi-même et que si on veut créer une affaire, il est plus facile d’en choisir une où les jeux sont déjà faits. La seule chose qu’on doit faire, c’est travailler. C’est ça la franchise.
Présent au Salon International de la Franchise, organisé l’an dernier à Paris, l’architecte Doru Prioteasa (1) est un des hommes d’affaires roumain qui est d’avis que le temps de la franchise est enfin arrivé pour la Roumanie aussi, tout comme près de 400 autres hommes d’affaires du pays qui sont déjà entrés dans les réseaux commerciaux étrangers par ce système.
Coca-Cola, Pizza Hut (2), KFC, Best Western ou Marks & Spencer sont des marques reconnues dans le monde, mais qui ont cessé de se développer en propre compte depuis assez longtemps. Actuellement, près de 40 grands réseaux internationaux franchisent sur le marché roumain. C’est justement le nombre que l’on comptait en France il y a 30 ans et aux Etats-Unis il y a 50-60 ans. La vague de la franchise a gagné l’Occident pendant les deux dernières dizaines d’années à un point tel qu’en France par exemple, il y a maintenant plus de 700 franchiseurs et environ 33.000 franchisés dont le chiffre d’affaires global était de 33 milliards d’Euros l’année passée.
Lors de sa 21ème édition, le Salon de Paris a rassemblé 300 franchiseurs, la plupart venant de France, mais aussi des Etats-Unis, d’Espagne ou d’Italie, ainsi que des cabinets de consultants ou des banques. Même si la plupart des entreprises présentes visaient le marché français, l’intérêt pour les pays de l’Europe de l’Est, y compris la Roumanie, était évident.
« Les pays de l’Europe de l’Est se trouvent au centre de l’attention des franchiseurs français et l’assistance que suppose le contrat de franchise est très indiqué pour les commerçants roumains. En Roumanie, des franchises comme Accor, Yves Rocher ou Carrefour se sont développées », affirme Chantal Zimmer, déléguée générale de la Fédération Française de la Franchise.
La franchise, c’est quoi ?
Mais qu’est-ce que ce système ? Est-il approprié pour le marché roumain en ce moment ? Synthétiquement, il s’agit d’un transfert de la marque, mais aussi du Savoir-Faire. D’une part, les réseaux de renommée internationale (où bien, pourquoi pas, ceux qui se sont fait un nom en Roumanie), qui souhaitent se développer, mais pas au moyen de leur propre argent, et d’autre part, les hommes d’affaires (où les entreprises) qui cherchent à créer une nouvelle affaire, mais ne savent pas comment le faire. Une chose est d’ouvrir une pizzeria sans notoriété au coin de la rue, même avec les meilleures pizzas du monde mais une toute autre chose est d’ouvrir sous la marque Pizza Hut, par exemple.
« En général, les franchisés sont des personnes physiques ayant un apport personnel de 50.000 Euros (3) en moyenne (mais qui peut descendre jusqu’à 10.000 Euros). Mais on peut avoir de l’argent et ne pas être agréé. Du fait qu’ils tiennent à développer leur marque, les franchiseurs s’intéressent à l’ambition, à la vocation de la personne candidate », explique Razvan Blid, de la société de conseil spécialisée dans la franchise CHR Consulting. (4)
Par exemple, l’architecte Doru Prioteasa, qui a des affaires dans le bâtiment, a pris sa première franchise suite a une petite annonce dans le journal. « Je suis devenu le premier franchisé dans le réseau des magasins Germanos, après avoir lu une petite annonce dans le journal. Ensuite, j’ai pris encore un magasin avec quelques associés. Pourquoi ? J’avais déjà beaucoup lu sur ce système et j’ai vu quels étaient les avantages de la franchise. J’ai évalué leur offre et elle m’a convenu. Ensuite j’ai pensé à prendre une Master-Franchise, c’est-à-dire être le représentant pour la Roumanie d’un réseau étranger ». Enfin, assisté par CHR Consulting, Prioteasa a passé, à la fin de la semaine dernière, le contrat de Master-Franchise roumaine avec Astarté, un réseau de bijoux fantaisie et accessoires qui détient 11 boutiques en France. L’investissement total s’élève à environ 80-100.000 Euros. Le premier commerce sera ouvert dans le complexe commercial Orhideea-Carrefour. Actuellement, Doru Prioteasa mène des négociations pour acheter aussi la franchise de certaines marques de vêtements pour les jeunes.
Toujours à Orhideea, qui sera inauguré en automne, va ouvrir en franchise Mondogelato, une gelateria italienne, qui aura aussi une autre boutique dans le centre commercial Cora. « Le centre commercial est d’une grande importance pour une franchise. Afin qu’une franchise marche, quatre facteurs sont requis : un réseau de franchise de qualité, un franchisé ambitieux, un espace commercial bien placé et un financement approprié », explique Razvan Blid.
Le portefeuille de CHR Consulting comprend aussi les franchises Germanos, un contrat d’agent de développement pour le futur élargissement en franchise de la chaîne Gregory’s, Segafredo (une cafétéria chez Marriot et qui pourrait se développer à l’avenir dans le cadre de Cora), un contrat pour le développement futur d’une chaîne de magasins en franchise, du producteur roumain de poulet Cocorico, etc « Dans la franchise, c’est le concept et non pas le produit qui est transmis », explique Razvan Blid.
Les petits qui vident les poches de leurs parents
Un secteur porteur pour le marché roumain, qui, à présent, connaît un fort développement par les concepts occidentaux, pourraient être les boutiques de vêtements, chaussures et accessoires pour les enfants, présentes en nombre élevé au Salon de Paris. « Qui peut résister face au désir d’une enfant ? De tels commerces vont se développer aussi en Roumanie. Il y en a déjà des demandes, mais aussi des offres de franchise pour ce segment », dit Razvan Blid. Ainsi, les chaînes de magasins Neck&Neck (Espagne), Jacadi (France), Orchestra (France) sont intéressées par la recherche de partenaires sur le marché roumain. Le concept Neck&Neck est de style classique, celui de Jacadi offre des produits de luxe, tandis que Orchestra propose des collections pour les enfants dont les thèmes sont proposés selon la saison. Sur le marché roumain, on trouve déjà le réseau français Z qui a ouvert cinq commerces à Bucarest.
« Nous avons déjà un client à Constanta qui commercialise nos produits et nous sommes intéressés à nous développer en Roumanie par un contrat de franchise », dit Gilles Mainguy, directeur export au sein d’Orchestra.