Si le terme de consommation collaborative se révèle aux yeux du grand public et des médias, son principe, lui, n’est pas nouveau. Troc, échange, partage, location, achat groupé tous ces modèles existent depuis bien longtemps avec comme dénominateur commun la primauté de l’usage sur la possession. Mais si tous ces modèles connaissent aujourd’hui un essor sans précédent, c’est parce que la consommation collaborative répond à des préoccupations actuelles comme le besoin de réaliser des économies, la prise de conscience environnementale ou encore l’envie de créer du lien social. Et surtout, tout cela a été rendu possible à la fois simplement et à grande échelle grâce aux possibilités offertes par les nouvelles technologies, via Internet ou les réseaux sociaux.
La consommation collaborative doit aussi son succès aux multiples solutions pratiques qu’elle offre dans pratiquement tous les secteurs de l’économie. Envie de partager les frais de sa voiture ? Pensez covoiturage. Etre hébergé pour les vacances ? Vous pouvez désormais réserver en ligne auprès de particuliers grâce à des plateformes comme AirBnB, demander un hébergement gratuit grâce au couchsurfing ou encore proposer l’échange de maisons le temps d’un été. Louer un outil pour le bricolage ou la cuisine ? Il y a pour cela de nombreux sites comme Zilok par exemple. Achats groupés auprès de producteurs locaux ? Vous avez le choix entre les AMAP, La Ruche qui dit oui et bien d’autres encore. On peut même de nos jours investir en commun dans des projets grâce au financement participatif (plus connu sous sa traduction anglophone de crowdfunding), qui permet de solliciter la participation financière de tout un chacun pour toute sorte de projets.
Aussi louables soient toutes ces initiatives, bien souvent derrière existent désormais des modèles économiques basés sur un système de commission sur les échanges ou sur la publicité. Et quand on sait par exemple que la plateforme de covoiturage BlaBlaCar compte plus de 2,5 millions de membres, cela donne une idée des perspectives économiques que ce système peut générer. Surtout que selon une étude de Illigo, 87 % des urbains estiment que cette tendance de consommation connaîtra un développement certain dans les années à venir. La consommation collaborative a même son salon, le OuiShare Fest, qui a eu lieu à Paris en mai dernier ! En plus, la tendance n’est pas que franco-française, elle est internationale.
Face à tous ces enjeux, les entreprises de l’économie dite traditionnelle commencent à sérieusement s’intéresser au phénomène de la consommation collaborative. Parce que c’est un message fort envoyé par tous les membres de ces mouvements qui souhaitent consommer différemment en changeant les règles du jeu. Selon Philippe Moati, coprésident de l’Observatoire Société et Consommation (l’Obsoco), « L’essor de la consommation collaborative [] est un signal d’alarme qui doit les engager à réviser un modèle dominant qui […] aujourd’hui s’essouffle. […] La consommation collaborative constitue pour eux une formidable opportunité de rebond, voire de création de nouveaux courants d’affaires. » Dès lors, plutôt que de combattre ces mouvements, certains industriels et distributeurs ont donc décidé de s’intéresser à ces nouvelles tendances en proposant des initiatives originales comme Intermarché, Castorama, Ikea, qui proposent à leurs clients de « covoiturer » pour se rendre dans leurs magasins. L’enseigne Auchan, elle, a choisi de s’associer avec la plateforme américaine Quirky pour permettre à ses clients d’inventer de nouveaux produits.
Quelques chiffres :
– Blablacar compte plus de 2 millions de membres
– Airbnb a vendu 10 millions de nuitées dans le monde en 2012
– La Ruche qui dit oui : 70 000 membres
– Plus de 2 000 machines en ligne sur « La machine du voisin »
– Quirky regroupe 300 000 individus contributeurs et inventeurs
Source : Site de l’APCE – 01/03/2013