La nouvelle configuration européenne suscite autant d’opportunités pour les distributeurs que pour les industriels français.
Les enjeux sont clairs : se développer sur des marchés dont le potentiel de croissance est supérieur à celui de l’Union européenne à 15, profiter de la fin des barrières douanières pour accroître les exportations françaises et ouvrir des bureaux d’achat dans les pays entrés en mai 2004 pour prospecter de nouveaux fournisseurs. En fait si l’on observe bien la situation actuelle il y a plus d’avantages que d’inconvénients à cette nouvelle Europe.
Les avantages
D’abord cela offre un marché de 75 millions de personnes et représente 5 % de PIB en plus. Ensuite cela permet d’ouvrir des magasins dans des secteurs correspondant à des besoins secondaires qui ne sont pas encore couverts dans les pays entrés récemment dans l’Union : hygiène, beauté, ameublement, habillement. Dans ces 10 pays la consommation a augmenté de 76 % pendant que celle des Quinze se contentait de 15 % et le poids de l’alimentaire est encore très important, environ 23 % du budget des ménages.
Les produits alimentaires à forte valeur ajoutée sont donc porteurs d’avenir pour les industriels et distributeurs français, ils bénéficient de la suppression de droits de douane qui étaient élevés avant l’ouverture des frontières de 2004. En plus les formalités administratives sont désormais simplifiées… Pour les grands groupes industriels on parle de délocalisation, n’oublions pas que le fait de profiter du coût relativement encore bas de certaines main-d’uvre permet aussi de maintenir des activités qui auraient pu disparaître et de les rendre concurrentielles par rapport à la grande concurrence internationale (Chîne, USA).
Quant aux PME françaises bien placées en termes de qualité et de traçabilité, elles peuvent accompagner les distributeurs français dans les dix nouveaux pays membres. Elles transfèrent leur savoir-faire conforme aux exigences des normes communautaires auxquelles elles sont déjà adaptées.
Les inconvenients
Face à ces avantages on trouve quelques risques à prendre en considération pour les entrepreneurs français.
D’abord une certaine fragilité structurelle qui peut freiner le rattrapage économique par rapport aux quinze anciens pays européens. Le revenu par tête est encore cinq fois plus faible chez les nouveaux arrivants. On craint aussi un retour sur investissement incertain. Les délais pour rentrer dans ses fonds ont doublé, passant de trois-quatre ans à sept-huit ans. Enfin une concurrence accrue, notamment de la part des PME locales, doit vite s’imposer avec une production de meilleure qualité à des prix très compétitifs, risquant même de venir jusque sur notre marché français.
Néanmoins les opportunités semblent encore l’emporter largement sur les risques car pour l’instant l’entraînement de la grande distribution, présente dans de nombreux pays de l’Est (voir notre article), permet aux entreprises françaises d’imposer des produits de qualité très attendus par les consommateurs.
Dominique Deslandes