Chaque pays a sa logique propre et il faut en tenir compte. L’Algérie a effectivement un grand potentiel pour la franchise et surtout, l’Algérie pourra en tirer profit.
Les vrais problèmes sont d’une part la crainte de favoriser les importations de produits en ouvrant la porte à la franchise dans un pays où les licences d’importation demeurent la règle et où la balance des paiements s’équilibre plus grâce aux hydrocarbures qu’aux produits finis.
De plus, la crainte de l’évasion des capitaux et de l’évasion fiscale fait que l’exportation des droits d’entrée et des redevances est freinée, pas impossible certes, mais soumise à contrôle et à des conditions restrictives qui font d’ailleurs que les franchiseurs de produits qui facturent des redevances dans la plupart des pays, n’en facturent pas en Algérie, préférant souvent augmenter les marges sur les produits pour compenser et ne pas devoir demander d’autorisation d’exportation de droits d’entrée et redevances. Personne n’y gagne.
Les franchises qui exploitent des magasins se heurtent aussi à la rareté des locaux bien placés et à la faible protection du locataire d’un commerce face aux exigences du propriétaire. Il est ainsi difficile d’investir autant qu’il le faudrait dans l’agencement du local car on n’est pas certain que le loyer ne sera pas fortement augmenté ou qu’on ne sera pas obligé de quitter le local loué et aménagé à grands frais.
Les franchises de service, elles, devraient se développer sans que l’état n’ait de crainte pour la balance des paiements des biens mais les mêmes craintes produisent les mêmes effets pour l’évasion des capitaux et l’évasion fiscale. Tout cela freine l’arrivée de franchises étrangères mais ne semble pas profiter à l’éclosion de franchises algériennes qui demeurent une denrée rare. C’est la modernisation du commerce et des affaires et l’intérêt du consommateur qui pâtissent de ce manque de concurrence et de ce manque de transfert de savoir-faire.
En conclusion, je plaide pour une libéralisation raisonnée basée sur la qualité de l’information donnée par le franchiseur au franchisé avant de signer un contrat et sur un encouragement de la création de franchises algériennes en même temps qu’une ouverture des frontières commerciales.
En conséquence, si loi sur la franchise il y a un jour en Algérie, je pense qu’il faudrait :
1) qu’elle oblige le franchiseur à donner une information complète et sincère, s’inspirant ainsi de la loi Doubin en France ou de la loi Laruelxle sur l’information precontractuelle en Belgique,
2) qu’elle incite le franchisé à bien lire et bien comprendre ce à quoi il a droit et ce à quoi il s’engage,
3) qu’elle clarifie et facilite la rémunération des franchiseurs nationaux et internationaux en libéralisant le paiement des droits d’entrée et des redevances,
4) qu’elle ne soit pas trop restrictive sur la définition de la franchise mais soit claire sur le fait que tout droit d’entrée et toute redevance doit être la contrepartie de prestations claires et chiffrées comme l’utilisation d’une marque, l’utilisation des outils mis à disposition par le franchiseur et la rémunération des services qu’il rend au franchisé.
Jean Samper
Conseil en franchise
Fondateur de AC Franchise Algérie