Le franchisé est-il un entrepreneur pour nos amis canadiens ?

  • Créé le : 29/06/2017
  • Modifé le : 29/06/2017

Voici un article de Christian Champagne, directeur du CQF, le comité quebecquois de la franchise. Nous vous le livrons sans modification, tel qu’il représente les points de vue des canadiens à propos du Canada.

Une grande question qui oppose encore aujourd’hui bon nombre d’intervenants en franchise et en entrepreneuriat est : « Un franchisé est-il oui ou non un entrepreneur ? » Les réponses sont partagées au sein de la communauté entrepreneuriale. Et vous, qu’en pensez-vous?

D’un côté, certains entrepreneurs qui ont commencé à partir de rien ont parfois le discours selon lequel les franchisés seraient des gestionnaires et non des entrepreneurs. Certes, il n’y a évidemment aucun mal à être un gestionnaire. Quant au fait d’être ou non un entrepreneur, bon nombres d’explications peuvent nous aider à comprendre pourquoi il y a des opinions différentes et ce, même auprès des franchiseurs, parfois.

Cet article donne les points de vue de nos amis canadiens sur l’entreprenariat en Franchise au Canada. En Europe, le débat est clos et l’on considère le franchisé comme un entrepreneru à part entière…mais moins « indépendantiste » et souvent plus attiré par le collectif, ses avantages et son état d’esprit. Nous publierons volontiers d’autres articles sur le sujet.

1— Modèle relationnel franchiseur-franchisé

Ce qu’il faut se rappeler est qu’il n’y a pas si longtemps, les franchisés étaient parfois considérés comme des « gérants de succursales » par plusieurs franchiseurs.

Heureusement, cette façon de penser est de plus en plus rare; le profil des franchisés tend donc également à changer. En effet, si le franchisé est considéré comme un gérant, son franchiseur a de fortes chances de choisir des franchisés qui n’ont pas ― ou peu ― le sens de l’entrepreneuriat, car dans le cas contraire, des conflits en lien avec leurs visions personnelles risqueraient de subvenir. Aujourd’hui, bon nombre de réseaux de franchisés ont des modèles d’affaires ou en sont à un stade de maturité qui requiert une certaine dose d’entrepreneuriat de la part des franchisés.

Dans les faits, plus le franchiseur établit une relation de partenariat avec ses franchisés et plus le degré d’entrepreneuriat de ces derniers pourra être élevé. Jusqu’à un certain point me direz-vous puisqu’en effet, un franchisé trop entrepreneur risque d’être malheureux dans un environnement où l’encadrement est de mise et où la prise d’initiatives requise est moindre.

2— Modèles d’affaires versus le degré d’entrepreneuriat requis

Le degré d’entrepreneuriat que devrait posséder un franchisé varie grandement d’un concept à l’autre. En effet, certains concepts d’affaires sont plus routiniers ou la recette même du franchiseur implique un haut niveau d’encadrement. Dans ces cas-là, il est vrai de dire qu’il vaut mieux une personne avec un profil de gestionnaire plutôt qu’un entrepreneur pur et dur. La personne très entrepreneure aura tendance à remettre en question les façons de faire, à s’ennuyer dans la routine, à détester être encadrée, etc.

Il est important, lorsque vous recrutez vos franchisés, de vous assurer que leur niveau d’autonomie pour être performants et heureux soit cohérent avec le niveau d’encadrement que vous offrez aux franchisés. Autrement, cela risque d’éclater en conflit un jour ou l’autre. Pour certains franchiseurs, il est très pertinent d’avoir au sein de leur réseau des franchisés très entrepreneurs qui vont contribuer à développer leur franchise, par exemple dans un secteur très compétitif, ou qui supporteront l’évolution du modèle d’affaires dans le cas où le réseau est très jeune.

Enfin, certains modèles d’affaires impliquent une grande capacité à performer en contexte d’incertitude. Les entrepreneurs carburent et performent dans de tels contextes. À vous de voir le profil entrepreneurial le plus pertinent selon : votre modèle d’affaires, votre niveau de maturité, votre propre personnalité, les investissements requis (prise de risque) etc.

2— L’entrepreneur part de rien et prend tous les risques

Un des arguments majeurs des »pro-gestionnaires » est le fait que les franchisés ont apparemment tout cuit dans le bec, partant du fait qu’ils se font donner l’idée du modèle d’affaires, les façons de procéder, se font guider, etc. tandis que les « entrepreneurs » doivent tout faire par eux-mêmes à partir de zéro. En effet, la prise de risque est moindre quand on démarre en franchise. C’est même l’un des nombreux avantages du modèle d’affaires.

Mais, il reste que démarrer une entreprise, qu’elle soit ou non en franchise, comporte son lot de risques et demande au franchisé de travailler d’arrache-pied. Si l’on se fie à la logique disant que le franchisé n’est pas entrepreneur, une personne qui reprend la relève d’une entreprise existante ne serait-il donc pas un « vrai » entrepreneur? Bien sûr que si, il l’est! Les défis sont différents selon la situation : le franchisé est soutenu par un plus grand et solide parachute et il a accès à des techniques éprouvées dès le départ pour l’aider à réussir son saut, mais il reste qu’il se lance aussi dans le vide. Le saut, il doit quand même le faire ….

Voici dans les faits des exemples de définitions de ce qu’est un entrepreneur.

 Elles varient, mais s’appliquent fort bien aux créateurs ou repreneurs d’entreprises, aussi bien qu’aux franchisés :
Qu’est-ce qu’un entrepreneur?
 « Un entrepreneur, c’est un individu qui a le courage de concrétiser ses rêves, d’ignorer les risques et d’utiliser son plein potentiel de créativité pour innover. »
Valérie Bellavance
Directrice générale, Québec
Fondation Canadienne des Jeunes Entrepreneurs (FCJE)
« Un entrepreneur, c’est une personne qui passe à l’action. »
Josée Cusson
Directrice des opérations
Fondation Canadienne des Jeunes Entrepreneurs (FCJE)
« Un entrepreneur, c’est quelqu’un qui voit des possibilités et des solutions là où les autres voient des problèmes, et qui sait ensuite saisir ces opportunités. »
Christian Bélair
Directeur général
Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ)
« Un entrepreneur, c’est une personne qui initie le changement pour un mieux-vivre. »
Réjean Parent
Président
Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
« Devenir entrepreneur, c’est se donner la liberté de se dépasser. »
Louis Jacques Filion
Professeur titulaire
Chaire d’entrepreneuriat Rogers-J.-A.-Bombardier
HEC Montréal

Bref, un certain degré d’entrepreneuriat est requis pour décider de se lancer en affaires. Greg Nathan du Relationship Franchise Institute l’a affirmé : 40 % du succès d’une franchise repose sur les épaules du franchisé même. Il faut donc une certaine capacité à prendre des risques et une « drive » pour lancer une entreprise. L’important à retenir : bien évaluer la dose d’entrepreneuriat propre à votre réseau et vous assurer que votre processus de recrutement vous permet d’attirer les bonnes personnes.

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