Le phénomène est devenu incontournable et s’étend à toutes les familles de produits qui sont à l’heure actuelle concernées par l’achat d’occasion, sauf l’alimentaire et l’hygiène-beauté…
Les jeunes ont contribué à établir un nouveau rapport à la propriété : ils revendent leurs jeux vidéos lorsqu’ils ont fini d’en faire le tour, ils en avaient déjà pris l’habitude avec leurs livres scolaires. Aujourd’hui les adolescents ne veulent plus s’attacher aux objets mais veulent s’adapter à la mode, essayer le maximum de produits, épater les copains, tout en rentrant dans un budget serré.
L’occasion répond à ce nouveau mode vie, l’achat s’apparente à la location avec une durée maîtrisée. C’est la possibilité de profiter du contenu d’un livre ou d’un disque en sachant qu’il sera toujours possible de le revendre quand il aura perdu son attrait.
Les enseignes de jeux vidéo comme Score Game, Micromania ou Ultima ont réussi à respecter ce rythme et constatent une rotation de trois ou quatre propriétaires pour un même produit. Pour environ 1 000 jeux vendus neufs, 500 reviennent d’occasion.
Cette pratique est vrai pour d’autres produits, or cet acheteur d’occasion est aussi un gros consommateur. Il convient aujourd’hui de laisser tomber l’image d’un individu avec un petit porte monnaie. D’après une étude du site de vente en ligne PriceMinister, spécialisé dans l’occasion, le panier moyen de l’acheteur de produits culturels se situe autour de 200 par an. La cadence de l’offre de nouveautés en est d’ailleurs en partie responsable. Le livre est devenu lui-aussi un produit de grande consommation avec une date limite, liée à l’actualité : rentrée littéraire, prix, enquêtes. Quant aux CD, DVD et CD-Rom, désormais inusables, ils offrent une qualité équivalente en occasion que neufs… Les enseignes suivent le marché : O’CD a ouvert 13 magasins et Fnac Digital dans son nouveau concept propose la reprise de DVD et jeux vidéo.
Le raisonnement vaut déjà pour l’informatique, Surcouf organise sa Brocancouf, et pour l’électronique grand public, ou même pour tous les articles concernant l’univers de l’enfant : puériculture, jouets, vêtements. A Paris on recense une vingtaine de boutiques de dépôt-vente spécialisées dans la petite enfance. Les vélos Décathlon sont en tête des reventes lors des Trocathlon, foires organisées deux fois l’an par l’enseigne de sport. Enfin 17 % des ventes de meubles passent par l’occasion selon une enquête de l’Ipea (Institut de promotions et d’études de l’ameublement).
Marques et enseignes doivent essayer de capter une clientèle qui achète aussi des produits neufs car l’offre d’occasion fait venir dans le magasin celui qui veut flairer la bonne affaire.
Nous sommes revenus sur cet article de LSA, 2003, car il correspond à quelques questions reçues des canddiats à la création d’entreprise.